Après avoir perdu son travail dans l'informatique en Espagne, puis un autre job, Thierry Perello a décidé de chercher fortune dans un des rares endroits attractifs sur la carte européenne: la Suisse.
"Je ne voulais simplement plus rester en Espagne, j'ai vraiment eu peur que tout le pays parte en fumée", a déclaré à l'AFP cet Espagnol de 41 ans, qui a quitté l'Espagne pour la Suisse en août dernier.
Alors que plusieurs pays de l'UE sont plongés dans une grave crise, la Suisse, un petit pays au centre de l'Europe, connaît une croissance économique et n'a que 3,1% de chômeurs, contre 11,7% dans la zone euro voisine.
"J'ai pensé que la Suisse était non seulement un bon pays pour trouver du travail, mais aussi pour mes enfants et leur futur", a ajouté M. Perello, dont les deux enfants âgés de 3 et 5 ans, sont toujours en Espagne, avec leur mère, attendant qu'il trouve un travail pour déménager.
Thierry Perello n'est pas le seul. Selon des statistiques suisses, il y a eu récemment une forte hausse des Européens du Sud, notamment d'Espagne et du Portugal, qui se sont installés dans le pays.
Alberto Gomez, un commercial de 36 ans qui est venu en mai dernier en Suisse après avoir perdu trois fois son emploi en Espagne au cours des dernières années, a créé un blog pour les nouveaux arrivants, qui a plus de 1.000 visites par jour.
"Chacun dit qu'il vient ici en raison de la crise, tous les jeunes Espagnols veulent quitter le pays, il n'y a pas de travail, et pratiquement pas de couverture chômage", a-t-il déclaré à l'AFP.
Alors que le chômage grandissant et l'effondrement des bénéfices ont frappés depuis des années les employés du secteur privé, ceux du secteur public, qui apparaissaient autrefois comme des emplois sûrs et à vie, sont devenus de plus en plus touchés par la crise, selon les observateurs.
"La migration des employés du secteur public est en train d'augmenter", a déclaré à l'AFP Daniel Vaughn-Whitehead, un économiste travaillant pour l'OIT (Organisation internationale du travail).
"Avant, les employés du secteur public étaient bien protégés et avaient des salaires plus élevés ... Ils avaient des emplois à vie, maintenant ce n'est plus le cas", a-t-il dit.
En fait, "l'image qui émerge" dans de nombreux pays européens "est assez choquante", a-t-il dit, citant les programmes d'austérité qui se sont traduits par des suppressions d'emplois et des baisses de salaire dans les secteurs publics, y compris la santé et l'éducation.
En septembre dernier, l'OIT a signalé le cas d'une femme portugaise de 50 ans, appelée Ana B., qui a pris une année de congé sabbatique de son travail de secrétaire dans une agence publique à Porto, pour travailler comme femme de ménage en Suisse.
En dépit de la perte d'un statut social et d'un certain niveau de confort, Ana B. a déclaré recevoir un salaire deux fois plus élevé, qui lui permet de payer ses factures chez elle au Portugal.
"J'aimerais bien sûr rester chez moi à la maison", a-t-elle confié, "mais je veux pouvoir payer des études universitaires à mon fils".
Thierry Perello habite chez un ami en France, de l'autre côté de la frontière suisse, alors qu'il cherche toujours un travail en Suisse, car "c'est trop cher de vivre à Genève, quand on est au chômage".
Il rêve cependant de s'installer en Suisse avec sa famille.
"La Suisse a un système très particulier de démocratie directe. La vie politique est très transparente, j'aimerais vivre dans un endroit comme cela", a-t-il dit, en ajoutant qu'en Espagne, "on a l'impression de se faire avoir chaque jour".
"Il n'y a pas de futur en Espagne", a renchéri M. Gomez, qui vit chez son frère à Genève, où il cherche toujours un emploi.
Il a indiqué avoir tout de suite pensé à la Suisse quand il a décidé de quitter son pays, parce que "chacun sait qu'il y a du travail en Suisse, et parce que les salaires y sont beaucoup plus élevés qu'ailleurs".
Selon un rapport publié par la banque suisse UBS en septembre dernier, Zurich et Genève sont les deux villes au monde ayant les salaires les plus élevés.
De son côté, l'économiste de l'OIT a déclaré que la Suisse est devenue la destination la plus attractive pour les Européens frappés par la crise.
"Il y a une telle différence entre le salaire moyen en Suisse et par exemple celui du Portugal, que cela motive toute migration", a-t-il déclaré.
21 déc 2012, Nina Larson
Source : AFP
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Ruée en Suisse des Européens du sud frappés par la crise
Publié dans Médias et migration
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