mardi 5 novembre 2024 03:26

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Accueil à géométrie variable pour les employés afghans de l'Otan

La France va se montrer plus accueillante qu'elle l'avait initialement envisagé envers les Afghans ayant travaillé avec ses soldats, rejoignant la politique adoptée en ce domaine par les Etats-Unis alors que pour Londres et Berlin cette solution doit rester exceptionnelle.

Le ministère de la Défense a indiqué mercredi que la France accueillera dans les prochains semaines "quelques dizaines" d'Afghans employés par le contingent français en Afghanistan depuis onze ans et dont la sécurité est désormais considérée comme menacée dans leur pays.

Ces Afghans, qui ont notamment travaillé comme interprètes, seront accueillis avec leurs familles sur le sol français, alors que Paris a terminé en décembre le retrait de ses "forces combattantes" d'Afghanistan, où restent cependant 1.500 soldats chargés notamment de la formation.

D'après le quotidien Le Monde, c'est le président François Hollande lui-même qui a pris la décision de passer de 80 à 160-170 le nombre de personnes concernées, après des mois d'hésitations au sein du gouvernement.

Dans le passé, des militaires français avaient estimé que les Afghans devaient participer à la reconstruction de leur pays sur place plutôt qu'immigrer en Europe.

Aux Etats-Unis, les programmes d'accueil des anciens employés afghans concernent une population beaucoup plus importante, proportionnelle à l'importance du contingent américain dans le pays (plus de 60.000 soldats aujourd'hui, plus de 100.000 au plus fort de leur engagement militaire).

Ainsi, depuis 2007, 436 interprètes afghans et leurs familles (épouse et enfants de moins de 21 ans), ainsi que 534 autres employés afghans ont bénéficié d'un programme de visa spécial pour s'installer aux Etats-Unis, selon le département d'Etat.

Pour pouvoir en bénéficier, il faut avoir travaillé pour l'armée ou l'ambassade américaine pendant au moins un an et avoir obtenu une recommandation écrite d'un officier général ou de l'ambassadeur.

Chaque cas est particulier

Le Canada, dont les effectifs combattants en Afghanistan étaient plus comparables à ceux de la France (près de 3.000 hommes), se montre encore plus généreux: un programme spécial d'immigration a ouvert les portes à 800 personnes ayant travaillé pour ses militaires et diplomates.

A l'inverse Londres, tout en assurant ne pas vouloir abandonner ces personnels, estime qu'un accueil au Royaume-Uni doit être réservé aux "cas exceptionnels".

"Quand le personnel est l'objet de menaces, nos options incluent des permissions ou un transfert vers un poste différent. Dans les cas les plus graves, nous pouvons aider le personnel à être relocalisé ailleurs en Afghanistan, où, dans des cas exceptionnels, au Royaume-Uni", a déclaré jeudi un porte-parole du Foreign Office.

Trois interprètes afghans ont récemment écrit au ministère britannique de la Défense, demandant à bénéficier des mêmes droits que les interprètes irakiens et leurs familles: plus de 360 d'entre eux ont été accueillis en Grande-Bretagne.

L'Allemagne suit une politique proche, prévoyant "de se pencher sur chaque cas particulier", à l'aide d'un catalogue établi sur les risques encourus par chaque Afghan ayant travaillé auprès des Allemands.

En cas de risque sur place, il est prévu de l'aider à chercher un emploi ailleurs en Afghanistan et "si le danger est vraiment réel" et que sa sécurité ne peut pas être assurée dans son pays, alors il pourrait être accueilli en Allemagne, selon un porte-parole du ministère allemand de l'Intérieur.

D'après certains observateurs, l'afflux de demandes d'asile par des Afghans engagés au côté des forces étrangères, qui ont toutes engagé leur retrait, marque l'échec de l'Occident en Afghanistan, incapable de vaincre politiquement et militairement l'insurrection des talibans.

27/12/2012

Source : MAP

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