L'imam franco-marocain de la mosquée de Bordeaux s'est vu décerner la légion d'honneur. Il est l'auteur de deux ouvrages sur sa profession d'imam, dont le dernier, paru en 2012, s'intitule « Un imam en colère ».
L’imam de la mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou, s’est vu décerner la légion d’honneur, lors de la traditionnelle promotion de la légion d’honneur, mardi 1er janvier. Homme de sciences et de religion, au sens le plus littéral qu’il soit, il a souvent été décrié pour ses prises de positions : trop peu musulmanes pour certains musulmans, et tout simplement islamistes pour l’extrême droite.
Souvent pris entre deux feux, il a plusieurs fois précisé ses positions dans des livres. En 2012, il a publié « Un imam en colère », avec Samuel Lieven, aux éditions Bayard. Il également l’auteur de « L'Unicité de Dieu. Des Noms et Attributs divins », « Loi d'Allah, loi des hommes. Liberté, égalités et femmes en islam » et « Profession imam ».
Tareq Oubrou est né au Maroc et n’est arrivé en France, pour poursuivre ses études de médecine, qu’à l’âge de 19 ans, alors même qu'il redécouvre sa foi. « Le voyage en France m’a posé beaucoup de problème. Je craignais pour ma foi, ma pratique. Il m’a été très difficile de concilier ma spiritualité et le monde d’aujourd’hui », explique-t-il. Il poursuit tout de même ses études de médecine, obtient un Deug de biologie, puis un diplôme en pharmacie industrielle.
« Profession imam »
Membre de l’UOIF, il devient finalement imam de la grande mosquée de Bordeaux et abandonne sa vocation scientifique pour sa vocation religieuse. « Dans ce domaine là je suis autodidacte, je n’ai pas eu de maître, je me suis formé tout seul. Je n’ai jamais été dans une école coranique », raconte-t-il. Il défend depuis son métier d’imam et explique la fatigue qui l’accompagne. « Un imam qui doit porter sa communauté vers un projet et un horizon et non être l’écho des aspirations souvent très limitées de sa communauté », regrette-il.
Pris entre son emploi d’imam au quotidien et les interpellations permanentes des hommes politiques sur le voile, l’islamisme ... il peine à réaliser ce qu’il considère comme sa vocation. « L’imam doit en permanence concilier ses convictions théologiques et la réalité d’une communauté qui vie une certaine réalité sociologique, économique et psychologique. C’est un exercice très difficile », explique-t-il. Pour lui un imam est une interface : « Il est la référence pour les musulmans mais aussi la référence pour toute la société française ».
3/1/13
Source : Yabiladi