dimanche 24 novembre 2024 13:32

Intégration : le malaise français au scanner

La question de l'immigration n'a pas fini de hanter les pays riches. Si l'explosion du chômage impose aujourd'hui, en Europe, une régulation sévère des flux d'entrée, la plupart des nations du Vieux Continent - à quelques exceptions près, comme la France ou l'Irlande - sont dans une situation démographique qui les amènera, une fois la crise passée, à rouvrir leurs frontières, à la fois pour répondre aux besoins de main-d'oeuvre et pour assurer la survie de leurs systèmes de retraites. Ce qui rendra de plus en plus nécessaires des politiques actives d'intégration.

Sur ce thème, l'OCDE vient de publier une remarquable étude intitulée « Trouver ses marques : les indicateurs sur l'intégration des immigrés », qui identifie les critères de réussite et permet les comparaisons internationales. Pour la France, il faut le dire, le bilan n'est pas très positif, notamment si on le compare à ceux de l'Allemagne et du Royaume-Uni. La difficulté n'est pas dans le nombre : la proportion de personnes « nées à l'étranger » (définition imparfaite mais statistiquement commode des immigrés) dans la population totale est à peu près la même dans les trois pays - 11,6 % en France, contre 12,9 % outre-Rhin et 11,3 % outre-Manche. En revanche, la part des personnes d'âge actif (15 à 64 ans) dans la population immigrée est plus faible chez nous (75 %, contre 78 % en Allemagne et 81 % au Royaume-Uni), parce que les immigrés de plus de 65 ans - héritage d'une politique ancienne - y sont proportionnellement plus nombreux. Autre signe négatif : en France, 28 % des immigrés se situent dans le décile inférieur des revenus, contre 18 % en Grande-Bretagne et 14 % en Allemagne. De même pour l'éducation : les écarts entre les performances de lecture des enfants de parents immigrés et des enfants de parents « autochtones » se sont élargis entre 2000 et 2009, alors qu'ils se sont nettement réduits chez nos deux voisins. Un point encourageant tout de même : 8 % des immigrés présents en France y sont venus pour poursuivre leurs études. Cette proportion est inférieure à celle du Royaume-Uni (14 %), mais très supérieure à celle de l'Allemagne et des autres pays européens. A l'ère de la mondialisation des cerveaux, l'enjeu des politiques d'immigration n'est pas seulement l'intégration, c'est aussi l'attractivité.

14/01/2013

Source : Les Echos.fr

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