Les Cubains ont désormais le droit de voyager à l'étranger depuis lundi en vertu d'une réforme de la loi migratoire mise en place par le président Raul Castro. Cette réforme, très attendue par la population, autorise tout Cubain de plus de 18 ans à se rendre à l'étranger s'il est muni d'un passeport en règle. Les mineurs peuvent également sortir du pays à condition de disposer d'autorisations notariées de leurs parents ou tuteurs.
La réforme a été annoncée en octobre dans le cadre de la politique d'ouverture mesurée que mène Raul Castro, au pouvoir depuis février 2008. La loi devrait bénéficier particulièrement aux quelque 2 millions de Cubains qui vivent à l'étranger – dont 80 % aux Etats-Unis, essentiellement en Floride – ainsi qu'aux sportifs et professionnels qui ont fait défection lors de leurs tournées ou missions à l'étranger.
"PERMISO DE SALIDA"
Depuis 1961, les Cubains désireux de se rendre à l'étranger devaient obtenir une autorisation spéciale, le coûteux permiso de salida, et se prévaloir d'une lettre d'invitation à se rendre dans un pays étranger, où ils ne pouvaient rester plus de onze mois, sous peine de voir leurs biens confisqués et être considérés comme des expatriés définitifs, généralement sans possibilité de retour. Cet encadrement visait à stopper l'exode de Cubains fuyant la révolution castriste.
La période pendant laquelle un Cubain peut résider à l'étranger sans perdre ses droits et ses biens est également portée de onze à vingt-quatre mois, avec possibilité de reconduction. Mais la somme nécessaire pour obtenir un passeport va doubler, passant à l'équivalent de 100 dollars à partir de lundi. Ces derniers jours, avant l'entrée en vigueur de cette augmentation, des Cubains se sont précipités dans les offices des services de l'émigration pour se procurer un passeport.
RESTRICTIONS
Depuis sa publication, le décret-loi a évolué. Les médecins, initialement écartés de la réforme au nom de la protection du "capital humain" et du refus de la "fuite des cerveaux", ont finalement été autorisés à en profiter. Mais le gouvernement conserve le droit de restreindre les déplacements à l'étranger pour raisons de sécurité nationale, d'intérêt public ou de "rôle économique vital". On ignore notamment si les dissidents les plus connus seront autorisés ou non à profiter de cette réforme.
La blogueuse Yoani Sanchez, qui dit avoir essuyé 19 refus de visa par le passé, a annoncé la semaine dernière via Twitter que sa valise était "prête pour un voyage AVEC RETOUR". "Pourrai-je partir ?", s'interrogeait-elle.
14/1/2013, Yoani Sánchez
Source : Le Monde.fr avec AFP et Reuters