Cinéma d’Afrique proposait la projection de deux films à l’Espace Culturel de l’Université d’Angers sur le thème de l’émigration : L’Or Blanc d’Adama Sallé (2010) et le Cri de la Mer d’Aïcha Thiam (2008).
L’or blanc
Ce film produit au Burkina Faso, a remporté le premier prix fiction des écoles de cinéma au Festival Fespaco (l’équivalent du Festival de Cannes à Marrakech). On y découvre l’histoire de deux frères, fils d’agriculteur, qui traversent le désert pour rejoindre le Maroc. Un moyen de fuir la misère de leur pays, causée par un système agricole industriel qui piétine au fur et à mesure les petits producteurs de coton. Durant la traversée, l’ainé, Baba, succombe de soif. Ado, son petit frère, l’accompagne jusqu’à la fin de sa vie, et l’enterre dans le désert selon les rituels du Burkina Faso. Un film représentatif d’un phénomène bien réel, rarement traité sous forme de fiction. Une histoire touchante, qui ne laisse pas le spectateur insensible.
Le cri de la mer
Ce reportage, très rationnel, explique les causes et conséquences de l’émigration au Sénégal. A travers le témoignage de Yaye Bayam Diouf qui a perdu son fils en mer, on découvre ce fléau qui ravage le village de Thiaroye. Pour faire face, elle crée un collectif de femmes contre l’émigration clandestine, et sensibilise les jeunes sur les risques d’une telle traversée. Elle nous raconte aussi les causes de leur départ. La mer appauvrie par la pêche intensive et les terres réquisitionnées par l’urbanisation, poussent ces jeunes à risquer leur vie. Sans travail, ils tentent de rejoindre l’Europe dans l’espoir d’une vie meilleure. L’un des rescapés nous fait part de la difficulté de cette traversée : lors d’un trajet, seulement 25 personnes ont survécu, sur 115. Ces témoignages poignants nous plongent dans la dure réalité de l’émigration au Sénégal.
La rencontre
Suite à ces deux projections, la discussion s’est ouverte sur l’émigration en général. Bien loin de l’image véhiculée par les médias, cet échange riche en témoignages de personnes d’origine africaine, nous a permis de découvrir une facette de l’Afrique trop peu connue. Un échange passionnant, qui nous a tous amené à nous questionner et réfléchir sur cette réalité qui nous dépasse.
24/1/2013, Elsa Soulard et Isabelle Cougnaud
Source : Nebuleuse