Le Pacte civique cherche à contribuer à inventer un futur désirable pour tous ; pour cela, il travaille dans son atelier «Diversité, citoyenneté, laïcité» sur le vivre ensemble en France entre personnes de plus en plus diverses, aux itinéraires et conditions de vie contrastées.
Nous avions déjà abordé l’an dernier ce thème aux troisièmes États généraux du renouveau en posant la question suivante : «Comment décider face à la diversité de nos convictions ?» Dounia Bouzar, anthropologue, et Jean-Marie Haton, chef du projet des Luttes contre les discriminations à la ville de Grenoble, avaient montré comment, de façon concrète, on pouvait trouver des solutions pratiques au vivre ensemble en laïcité dans nos écoles et leurs cantines, dans nos quartiers, etc.
Parmi nos concitoyens, les jeunes issus de l’immigration, qui pour la plupart d’entre eux sont de nationalité française, sont au centre de débats aux multiples dimensions, éducatives, culturelles, religieuses, sociales, économiques, politiques. Nous avons choisi cette année d’aborder avec nos invités la question de leur «intégration» en intitulant notre rencontre «Un nouveau modèle d’intégration pour les jeunes issus de l’immigration ?»
Nous sommes bien conscient que le mot «intégration» est un mot piégé, et qu’il s’agit de débattre, au delà de ce mot, de notre vivre ensemble, un vivre ensemble à construire en cherchant d’abord à repenser comment arriver à ce que chacun de nous trouve sa place en lien avec tous ceux qui l’entourent dans le cadre de notre démocratie. Pour aborder ce sujet difficile, il est important de s’appuyer sur deux invités qui, chacun, apportent leur vision originale.
D’abord Jean-Claude Sommaire, ancien secrétaire général du Haut conseil à l’intégration, privilégie une approche politique du problème en l’abordant à partir de son expérience de la prévention de la délinquance et des conduites à risques chez les jeunes en voie de marginalisation, expérience qu’il a acquise en présidant le Conseil technique de la prévention spécialisée. Ceci permet de nous poser avec lui de nombreuses questions, en particulier celles-ci : pour quelles raisons la crise de notre modèle d’intégration s’aggrave ? Comment prendre en compte le fait «communautaire» ? Doit-on proposer un nouveau modèle d’intégration ?
Ensuite, Tareq Oubrou, théologien, imam de la mosquée de Bordeaux, aborde notre sujet à travers non seulement sa dimension culturelle, mais aussi religieuse. Dans son dernier livre, Un imam en colère, sous-titré intégration, laïcité, violences, il traite de la difficulté de dialoguer avec des jeunes musulmans en quête de repères. Avec lui, nous nous posons d’autres questions, comme celle de la place de l’Islam dans notre société, et au-delà celle du rôle du spirituel et du religieux ; ceux-ci, dans la vie de beaucoup d’entre nous, sont au fondement de nos indignations et de nos engagements en faveur d’une société plus juste et plus fraternelle.
Le Pacte civique cherche à faire de ce débat un temps de dialogue constructif. L’atelier aura été réussi non seulement si nous repartons après en ayant mieux compris l’importance de la question posée et la nécessité de l’aborder de front dans tous ses aspects, mais aussi en ayant envie de nous impliquer dans la construction de notre future société interculturelle, interspirituelle, intergénérationnelle.
Un nouveau modèle d’intégration pour les jeunes issus de l’immigration ? Samedi 2 février de 14h30 à 16h.
Avec Tareq Oubrou, théologien, recteur de la mosquée de Bordeau ; Jean-Claude Sommaire, ancien secrétaire général du Haut conseil à l’intégration. Modérateur : Jean-Claude Devèze, Le Pacte Civique
28 janvier 2013, Jean-Claude Devèze
Source : Libération