La politisation du débat sur l'immigration et sur le transnationalisme ne servira en aucun cas l'intégration des immigrés dans leurs pays d'accueil mais aura sans nul doute +l'effet inverse+ en contribuant au renforcement de comportements discriminatoires à leur égard à tous les niveaux, soulignent les participants à une rencontre organisée à Amsterdam.
Des chercheurs de la diaspora marocaine et turque mais aussi néerlandais prenant part à cette conférence-débat sur "Citoyenneté: du local au transnational"ont indiqué qu'au-delà de l'origine, tout débat sur l'immigration devrait prendre en compte les droits des immigrés sur les plans politique, social et culturel dans les pays de résidence.
D'après eux, parler des immigrés en tant que source des maux d'une société quelconque, à tort ou à raison, concevoir les rapports immigré-Patrie en tant qu'obstacle à l'intégration et s'obstiner à défendre +une aliénation identitaire+ de ces communautés sont autant de facteurs qui contribuent à l'isolement de ses immigrés victimes d'une crise économique dure depuis des années.
Selon ces chercheurs, le transnationalisme n'a jamais été un obstacle à l'intégration pour les autres communautés espagnole, italienne et turque en Europe, ces dernières maintenant un rapport très fort avec leurs pays d'origine. Ce phénomène représente par contre une sorte de troisième voie entre l'option de l'assimilation et celle du retour, font-ils valoir.
Si en Belgique et en France, le transnationalisme a été au centre d'un débat particulier depuis toujours, cette question n'a jamais été politisée comme c'est le cas aux Pays-Bas, où l'extrême-droite s'est emparé de l'immigration en tant que créneau pour faire valoir son hostilité envers les étrangers au lieu d'ouvrir un vrai débat où les immigrés seront une partie prenante au lieu d'être un objet à polémique.
Au cours de cette rencontre, il a été procédé à la présentation du rapport de projet intitulé "La citoyenneté rassemble" réalisé en 2012 et qui vise à promouvoir la citoyenneté active au sein de la communauté marocaine résidant aux Pays-Bas notamment à Amsterdam.
Fruit d'une collaboration entre trois associations (Argan, EMCEMO, Aknarij), le rapport tente de traiter plusieurs aspects de la citoyenneté en particulier la composante identitaire, la participation politique et sociale et le bénévolat comme moyen d'expression d'une citoyenneté active.
La rencontre a été également l'occasion de présenter une étude réalisée par l'historienne Nadia Bouras récemment publiée sur le thème "Perspectives de l'attachement au pays d'origine". L'étude met en lumière les liens que les groupes de migrants entretiennent avec leur pays d'origine et se penche sur le rôle des migrants aux Pays-Bas en relation avec le pays d'origine le Maroc pendant une période de 50 ans (1960- 2010).
27 janv. 2013
Source : MAP