Avec son discours prononcé le 29 janvier, le président américain a ouvert le chantier de la politique migratoire. Mais il semble vouloir éluder les questions délicates.
Le discours tant attendu que le président Obama a prononcé le 29 janvier sur ses projets de réforme de l'immigration est peut-être plus remarquable par ses non-dits que par son contenu lui-même. Au lieu de s'aventurer sur un terrain délicat et de mettre en péril l'entente entre les deux partis qui règne au Sénat sur la question, le président a adopté le ton optimiste, populiste, de celui qui fixe le cadre.
"La bonne nouvelle, c'est que, pour la première fois depuis de nombreuses années, républicains et démocrates semblent prêts à s'attaquer au problème ensemble, a-t-il déclaré. La question est : est-ce que nous avons la détermination en tant que peuple, en tant que pays, en tant que gouvernement de régler enfin cette question ? Je pense que oui."
Barack Obama a appelé clairement à naturaliser les plus de 11 millions d'immigrés en situation irrégulière qui vivent aux Etats-Unis. Cette question devrait être l'une des plus problématiques lors de la bataille qui s'annonce au Congrès.
Le président a approuvé les propositions faites le 28 janvier par un groupe de sénateurs démocrates et républicains, parmi lesquelles la possibilité de naturaliser les personnes vivant dans le pays en situation irrégulière. Comme eux, il a également appelé à un renforcement de la sécurité des frontières, à la vérification obligatoire du statut des salariés vis-à-vis de l'immigration et à "faire entrer notre système d'immigration régulière dans le XXIe siècle" en adoptant des processus plus rationnels pour gérer le flux de nouveaux venus.
Obama a cependant prévenu les législateurs qu'il présenterait son propre projet et insisterait pour qu'ils se prononcent à son sujet immédiatement si les négociations sur une loi au Congrès se trouvaient bloquées par des considérations partisanes.
Des questions laissées de côté
Avant ce discours, Marco Rubio, sénateur républicain de Floride et membre du groupe bipartisan, a pris la parole au Sénat et a pressé le président de ne pas aller au-delà du soutien aux principes définis par le groupe de sénateurs. Pour Rubio, qui est fils d'immigrés cubains, le groupe a "du bon sens partagé et un ensemble raisonnable de principes".
L'une des questions qu'Obama a évitée, c'est la proposition du groupe stipulant que les immigrés clandestins ne pourraient pas demander la carte verte [permis de travail temporaire] tant que la sécurité des frontières ne serait pas assurée. Cette proposition a les faveurs des républicains du Congrès, mais inquiète beaucoup les associations de défense des immigrés.
Obama ne prévoit pas de lier l'éligibilité à la carte verte à la sécurité des frontières, ce que Rubio a dénoncé par la suite dans une déclaration en réaction au discours du président.
Patrick Leahy, sénateur démocrate du Vermont et président de la commission des Affaires juridiques, a qualifié dans une déclaration le discours d'Obama de "courageux". Il a fixé le début des débats sur l'immigration au 13 février.
30 janvier 2013, Corey Dade
Source : Courrier international