Une étude publiée par un observatoire sur l'économie euro-méditerranéenne a mis en évidence l’impact positif de l'immigration sur les échanges commerciaux entre l'UE et les pays du Sud. Ainsi l’Allemagne, première destination des immigrés turcs en Europe, est aussi le premier partenaire commercial de la Turquie.
«Les migrants peuvent générer des aspects positifs sur le commerce bilatéral entre le pays d’accueil et de destination des migrants». D'après l’étude réalisée par le Forum Euroméditerranéen des Instituts de Sciences Economiques (FEMISE) les flux migratoires auraient une influence décisive sur le commerce des pays concernés. Le rapport insiste sur l’idée que cet impact est bénéfique aussi bien au pays d’accueil qu’au pays d’origine des migrants. Les échanges de personnes influent donc sur les importations, «les migrants apportant leurs goûts pour les produits de leur pays d’origine» mais également sur les exportations.
Un «effet de création d’échanges»
Ainsi l’étude précise qu’ «une hausse de 10 % du stock de la population immigrée génère des effets de création d’échange de l’ordre de 2 à 3 % pour les pays méditerranéens, et jusqu’à 6 % pour les pays plus distants (Asie)». En étudiant la relation migration-commerce pour les cas du Portugal, de l’Italie et de l’Espagne, qui accueillent près de 10 millions de personnes provenant surtout des pays du Maghreb, le FEMISE constate des « effets de création d’échange, à la fois au niveau des exportations et des importations ». Le cas franco-égyptien est de la même façon démonstratif. La France concentrant la plus grande partie des migrants originaires d’Afrique du Nord, l’étude de cas montre que les « effets réseaux sont prédominants et [qu’]une hausse de 10 % du stock de migrants génère une hausse des échanges de 2 à 5 % ».
L'apport des Turcs en Allemagne
L’Allemagne, première terre d’accueil des Turcs en Europe, en compte près de 2,5 millions. Le poids de cette immigration sur le commerce bilatéral est là encore très sensible : 9,5 % des exportations de l’Allemagne partent vers la Turquie quand cette dernière bénéficie de 10,3 % des importations allemandes. Les échanges commerciaux entre ces deux pays représentent 30 milliards d’euros : l’Allemagne est le premier partenaire commercial turc. L'immigration a également des effets positifs sur le développement économique intérieur des pays de l'UE. Ainsi, les enquêtes menées par le Zentrum für Türkeistudien en 2005 prouvent la forte intégration des entrepreneurs d’origine turque à l’économie générale du pays. Près de 90 % des commerçants turcs ont des clients non-turcs et 70 % d’entre eux collaborent avec des fournisseurs allemands. L’étude du FEMISE en arrive finalement à la conclusion que les politiques migratoires ont un rôle positif à jouer dans les échanges commerciaux : « les migrations actuelles peuvent également être considérées comme un outil de développement des deux rives de la Méditerranée ».
03/02/2013, Sophie Souchard
Source : Zamane