La migration par mariage du point de vue des migrants par mariage, de leurs familles et des experts à Bruxelles et Emirdağ (2012)
Le phénomène de migration de la petite ville d'Emirdağ en Turquie Centrale vers la Belgique existe depuis des décennies. En ce sens, il peut faire figure d'exemple pour ce qui concerne la migration de la Turquie vers l'Europe. Depuis l'abolition de la migration de travail en 1974, le regroupement familial est devenu, pour les migrants turcs, une des manières les plus courantes d'entrer en Belgique, et en Europe.
Aujourd'hui, le nombre de personnes originaires d'Emirdağ vivant en Belgique et dans d'autres Etats membres de l'Union Européenne dépasse le nombre de personnes vivant dans la région d'Emirdağ. Tandis que la Turquie a connu une forte croissance au niveau économique au cours de ces dernières années, la région d'Emirdağ n'a pas encore pu prendre pleinement part à ce développement, c'est pourquoi la migration vers l'Europe demeure attrayante. Dans le même temps, les familles belgo-turques restent toujours attachées à leur village d'origine et beaucoup de familles résidant en Belgique depuis deux ou trois générations continuent à chercher leur époux/se à Emirdağ. Pour exemple, selon les chiffres provenant de la ville de Gand, 49% des mariages turco-gantois en 2008 étaient réalisés avec des personnes originaires de Turquie (principalement d'Emirdağ). Toutefois, les statistiques démontrent aussi que ce phénomène est en diminution.
La Fondation a chargé l'équipe du Professeur Christiane Timmerman de l'Université d'Anvers de réaliser une étude pour examiner en détail la migration matrimoniale d’Emirdağ à Bruxelles. L'objectif de l'étude était d’affiner l’analyse du profil, des aspirations et de la motivation des migrants par le mariage, de mieux comprendre les aspects récurrents des migrations matrimoniales et de se pencher sur la manière dont ces personnes se préparent. Nous avons également voulu en savoir plus sur l'expérience des migrants venus à Bruxelles par mariage. Cette étude a été conçue comme une recherche-action, dans le but de dégager de nouvelles pistes pour mieux informer, conseiller ou aider des personnes en situation de migration par le mariage.
Les résultats nous donnent une image de ce que signifie réellement, aux yeux des personnes concernées, la migration matrimoniale, et ce à travers une analyse réalisée du point de vue de différents groupes d'intéressés: des jeunes vivant à Emirdağ, des personnes récemment mariées en attente du départ vers la Belgique, des personnes qui se sont établies à Bruxelles via la migration matrimoniale, des parents à Emirdağ et à Bruxelles, ainsi que divers experts. L'étude met en relief tant l'espoir et la crainte, que les attentes et les déceptions. Elle montre à quel point peu de migrants sont préparés à leur nouvelle vie et sont dès lors peu informés des particularités de la Belgique, de ses lois, des droits des citoyens et de leurs obligations. En outre, on remarque que les migrants sont partagés entre l'image des Belgo-Turcs faisant état de leur prospérité durant les vacances d'été passées à Emirdağ et les nouvelles diffusées via les réseaux sociaux sur les divorces et les problèmes économiques et sociaux touchant les migrants turcs en Belgique. L'étude montre également que ces personnes ont tendance à ignorer les récits de vie qui ne correspondent pas à leur perception et leurs rêves, ce qui peut poser problème quand ils arrivent en Belgique.
L’étude a été co-financée par le Ministère de l'Action Sociale, de la Famille et des Relations Internationales à la Commission communautaire française (COCOF) à Bruxelles. (Consulter l’intégralité de l’étude)
Source : Fondation Roi Baudouin