mardi 5 novembre 2024 09:17

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Des dizaines d'imams au mémorial de la Shoah à Drancy

Une trentaine d'imams se sont rendus lundi soir au Mémorial de la Shoah à Drancy (Seine-Saint-Denis) pour montrer que l'islam est une religion "d'amour" et de "tolérance", une "image forte" saluée par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls.

"A un moment où il y a une montée du racisme et de la peur de l'islam, on dit +non, il est possible de vivre ensemble+", a déclaré à l'AFP l'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, à l'initiative de l'événement.

74% des Français estiment que la religion musulmane n'est pas compatible avec les valeurs de la société française, selon un sondage Ipsos publié dans Le Monde en janvier.

"Aujourd'hui, on montre qu'il y a un islam de France sans influence, sans ingérence et sans fanatisme", a ajouté ce quadragénaire d'origine tunisienne. "On montre l'importance de la vie humaine pour l'islam, qui refuse l'intégrisme, les racismes et la barbarie."

Les imams en boubous ou djellabahs, venus de plusieurs villes de France avec des responsables d'associations cultuelles, sont arrivés en autocar en fin de journée à l'ancien camp d'internement des Juifs d'où furent déportées près de 70.000 personnes entre 1941 et 1944.

Après le dépôt d'une gerbe de fleurs à la mémoire des victimes, ils ont été brièvement reçus au mémorial de la Shoah inauguré en septembre, et "remerciés" de leur visite par son directeur Jacques Fredj.

"Ce sont des images très fortes qui parlent mieux que les mots et les discours", a estimé Manuel Valls. "Le monde a besoin de paix et de concorde, de gens qui dialoguent et s'écoutent".

Des représentants des autres grands cultes étaient présents à la visite qui a été suivie d'un dîner au Centre Culturel de Drancy pour l'Aïd-el-Mouled, fête de la naissance du prophète Mahomet.

Parole publique

"L'Islam de France doit s'organiser pour représenter l'immense majorité des musulmans et laisser parler les voix les plus modernes", a lancé à cette occasion M. Valls, en réclamant à nouveau "des imams formés en France". "Nous n'avons pas besoin de l'agent des pays étrangers", a-t-il redit.

A l'automne, 17 imams s'étaient déjà rendus en Israël à l'initiative de Hassen Chalghoumi pour prier sur la tombe des enfants juifs tués à Toulouse devant leur école, il y a onze mois, par Mohamed Merah.

Sam Samba, imam dans le XIXe, en était. Ce Malien, soufi, assure que sa "religion est pour la paix". Il reconnaît que sa démarche n'est pas totalement consensuelle dans la communauté. "Il y en a que cela embête, mais ça m'est égal", dit-il. "Je n'ai peur de rien."

Les prises de positions de l'imam Chalghoumi, qui était d'accord avec l'interdiction de la burqa et a souvent milité pour l'amitié judéo-musulmane, lui ont valu des menaces sérieuses, si bien qu'il bénéficie en permanence d'une protection rapprochée.

"C'est un engagement pour ces imams, ce n'est pas facile, ils vont se faire insulter sur le net", a prédit l'écrivain juif français Marek Halter, qui a participé à l'événement. "C'est très courageux de leur part."

"Après quelques initiatives individuelles, on a l'impression qu'une partie de l'islam prend la parole publiquement et collectivement contre l'antisémitisme", a pour sa part noté le directeur du mémorial.

"C'est un message interne pour dire à leurs ouailles +ce n'est pas l'islam+ mais aussi externe pour montrer que la majorité des musulmans de France ne se rangent pas derrière les radicaux", a-t-il estimé.

5 février 2013

Source : Libération

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