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Table ronde : La mélodie de l’exil

La diversité est l'essence du festival Au fil des voix. Samedi 16 février 2013, de 17 à 19 heures, à la salle parisienne de l'Alhambra, une table ronde abordera cette réalité au travers d'une discussions relative à la place de la musique au sein de l'immigration algérienne. Animatrice du rendez-vous, l'historienne Naïma Yahi revient sur cet épisode culturel essentiel.

De tout temps la musique a occupé une place conséquente au sein des grands mouvements migratoires. Il suffit d'écouter les répertoires diffusées aux USA pour réaliser leurs fonctions au sein des communautés concernées. Si l'apport africain est la conséquence de l'esclavagisme, les thèmes irlandais ou latins, inhérents aux immigrations respectives, font désormais partie du patrimoine culturel ambiant. En France la place occupée par la musique, notamment au sein de l'immigration algérienne, est méconnue du grand public. Historienne, directrice de la revue Pangée Nertwork, Naïma Yahi revient sur cette page culturelle. Pour cette dernière, la musique est indissociable des migrants : "Quand on immigre c'est avec sa propre culture. Pour la population algérienne, le phénomène ne débute pas avec les grandes vagues  économiques des années 60 et 70 mais remonte à l'après Première Guerre Mondiale. Il aboutira, avec la migration des Trente Glorieuses, à une scène propre aux Algériens de France."

Un registre métropolitain va se développer, en marge de la société, avec ses chantres de l'exil comme Slimane Wazem ou Ahmed Whaby. Les titres sont interprétés en français ou en arabe. C'est le cas de Slimane Wazem qui inscrit, au dit répertoire, des chansons engagées et empreintes de dérision comme La carte de résidence. Pour Naïma Yahi, ce fait est spécifique  : "Bien évidemment, la plupart des travailleurs écoutaient de la musique algérienne mais rapidement des chanteurs, producteurs et éditeurs composent un catalogue adapté. A Paris naturellement où se développe  un circuit commercial qui a permis la diffusion du dit répertoire. Mais également sur les bassins industriels nordistes ou lorrains, des terres traditionnellement enclines à l'immigration. "

Si, au Royaume Uni, les musiques de l'ex-empire colonial tel le ska jamaicain  vont se mêler au répertoire populaire rock, les chansons des premiers migrants algériens, elles, ne connaissent pas ce brassage. Une absence de la la scène hexagonale liée à l'Histoire et au manque de médiatisation des artistes. Il faut attendre le début des années 80 et le groupe Carte de Séjour pour écouter des musiciens enfants de l'immigration algérienne assimiler leurs racines  : " Les premières travaux assumées sont apparues il y a quelques années avec Mouss et Akim de Zebda qui ont enregistré Origines contrôlées, une compilation des chants qu'écoutaient leurs parents ou bien encore Rachid Taha et son projet Diwan " précise Naïma Yahi qui revient sur l'histoire de Ya Rayah : " Lorsque est sortie la reprise de Rachid Taha, ce standard de la musique arabe est devenu un tube en France. C'est révélateur d'un métissage ".

Salah Amokrane, directeur du festival Origines Controlées et producteur du duo toulousain Mouss et Akim,  sera présent à l'Alhambra, samedi lors de cette discussion. Autre figure, Mohand Anemiche évoquera les années dites Barbès et le répertoire de l'exil au travers de grands artistes de la diaspora maghrébine qu'il a signé. L'écrivain et journaliste Samia Messaoudi apportera son point de vue à la discussion Kamel Hamadi et Ben Mohamed, respectivement parolier et poète, pourraient participer à ce rendez-vous. Enfin, en perspective, signalons la reprise des sessions Barbès Café, à partir du 23 février, au Cabaret Sauvage. Ce spectacle revient d'une tournée triomphale en Algérie. Composée de différents tableaux, l'affiche propose, sur le mode festif, une histoire de l'immigration maghrébine sur le territoire Français.

11 février 2013, Vincent Caffiaux

Source : Médipart 

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