La sénatrice Esther Benbassa a affirmé mercredi que le droit de vote des étranger non-ressortissants de l'Union européenne aux élections locales et leur éligibilité au sein des conseils municipaux, en France, serait "une victoire pour la démocratie".
"Aujourd'hui, il n'y a pas de raisons pour que ceux qui habitent avec nous, qui travaillent avec nous, qui envoient leurs enfants dans les écoles françaises, ne participent pas à la vie de la commune. Ce droit est un droit simple qui, d'ailleurs, a déjà été donné aux étrangers communautaires puisqu'ils peuvent voter aux élections locales et européennes", a-t-elle fait valoir dans un entretien au quotidien français La Marseillaise.
"Je ne comprends pas cette discrimination à l'égard des étrangers non-communautaires. Il est nécessaire de rétablir le droit à l'égalité de tous ceux qui contribuent à la vie de la cité", a ajouté cette sénatrice Europe-Ecologie Les Verts (EELV) et rapporteur au Sénat de la proposition de loi.
A ceux qui invoquent le fait que la citoyenneté ne serait pas dissociable de la nationalité, elle considère qu'"il ne faut pas confondre nationalité et citoyenneté".
"On n'est pas obligé d'être citoyen national, on peut être citoyen résidant. C'est un concept qui existe. Nous avons dépassé ce nationalisme lié au sang, aux morts et au terroir. Dans notre vie quotidienne, au travail, les immigrés font partie de notre univers mais quand on doit partager les droits, on leur dit non ? Il y a là un vrai problème. D'autant que dans de nombreux pays européens, les étrangers peuvent voter", a-t-elle dit.
Sur les adversaires du droit de vote aux étrangers qui invoquent le risque d'un vote communautariste, Esther Benbassa, a estimé que ce sont des considérations qui relèvent davantage du "fantasme".
"Avancer cet argument, ce n'est pas connaître ce qui conditionne une personne pour voter. Dans l'isoloir on est seul. On ne fait pas partie d'une communauté", a-t-elle précisé.
"La loi sur le vote des étrangers serait à mon sens une manière d'intégrer. On demande aux étrangers de s'intégrer mais sans jamais leur donner de droits. Et il n'y a pas d'intégration possible dans un seul sens. Celui qui reçoit, le pays hôte, doit aussi savoir intégrer. Peut-être est-ce un moyen d'éviter ce repli des populations qui habitent avec nous, qui travaillent à nos côtés et pour nous... et qui sont stigmatisées", a poursuivi Esther Benbassa.
"De notre côté, au sein du groupe des Verts, nous sommes très fiers de porter cette proposition tout comme nous serons fiers que la démocratie française puisse supprimer cette discrimination entre les étrangers communautaires et non-communautaires. Ce serait un signal d'intégration. Et pour nous qui nous battons depuis des années pour l'égalité des droits, une véritable avancée", a-t-elle encore souligné.
Treize ans après son adoption par l'Assemblée nationale et deux ans après que le Sénat se soit prononcé en sa faveur, le droit de vote aux étrangers continue à faire débat en France.
En 2012, le candidat François Hollande s'y était engagé. "J'accorderai le droit de vote aux élections locales aux étrangers" : Tel était l'intitulé de sa promesse de campagne numéro 50. Une promesse sur laquelle le président a semblé reculer le 13 novembre, soumettant son application à la "recherche d'une majorité" au Parlement.
13 fév 2013
Source : APS