dimanche 24 novembre 2024 17:09

Immigration: La Haye devant la justice pour la suppression de l'enseignement de langue maternelle

Des associations marocaine et turque ont déposé, jeudi devant un tribunal d'Amsterdam, une plainte contre l'Etat néerlandais pour avoir supprimé l'enseignement de leurs langues maternelles des établissements scolaires primaires du Royaume batave.

La décision de La Haye, prise en 2004 pour différentes raisons, est jugée par les associations plaignantes, contraire aux conventions européennes et universelles relatives aux droits sociaux, économiques et culturelles des migrants et des enfants, lesquelles prévoient que le pays d'accueil se doit de garantir le droit de ces derniers à apprendre leurs langues maternelles à l'école.

Les écoles néerlandaises de l'enseignement primaire offraient des cours en langue maternelle (turque et arabe) avant que l'Etat ne les suspende en 2004 parce qu'il les a jugés "préjudiciables à l'intégration", a déclaré à la MAP, Me Nazim Turkkol, l'un des deux avocats chargés du suivi de la plainte auprès du tribunal amsterdamois.

Me Turkkol qui expliquait que le gouvernement néerlandais avait justifié sa décision également par le manque d'enseignants de la langue arabe et la réduction des dépenses, a indiqué que des traités européens et internationaux relatives aux droits humains obligent l'Etat à intégrer l'enseignement des langues maternelles dans les écoles primaires et de choisir, elle-même, les moyens et les méthodes pour y parvenir.

Entre autres, l'article 15 de la Convention européenne relative au statut juridique du travailleur migrant, stipule que les pays de l'union devraient agir d'un commun accord en vue d'organiser, dans la mesure du possible, à l'intention des enfants des travailleurs migrants des cours spéciaux pour l'enseignement de la langue maternelle du travailleur migrant afin de faciliter, entre autres, leur retour dans leur Etat d'origine.

"Et c'est bien à quoi nous aspirons", a souligné Me Turkkol, ajoutant que le tribunal est appelé à faire en sorte que l'Etat néerlandais facilite de nouveau l'enseignement de ces langues.

A la question si cette action en justice aboutira au rétablissement des communautés marocaine et turque dans leurs droits à enseigner à leurs enfants leurs langues maternelles respectives, l'avocat a estimé que les chances de recevabilité de la plainte aux Pays-Bas sont minimes, ajoutant qu'en cas d'échec en Hollande, une saisine de la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg reste envisageable.

A l'origine de la plainte qui peut prendre d'un à deux ans aux Pays-Bas, selon Me Turkkol, des associations des communautés turque et marocaine notamment l'association des travailleurs turcs aux Pays-Bas (HTIB) et le Centre euro-méditerranéen immigration et développement (EMCEMO).

Le dépôt de cette plainte coïncide avec la célébration le 21 mars de la Journée internationale de la langue maternelle (JILM) proclamée par la Conférence Générale de l'UNESCO en 1999 pour promouvoir les quelques 7.000 langues de la planète.

Cette journée qui constitue une opportunité de mobilisation efficace en faveur de la diversité linguistique et du multilinguisme, est organisée sous le thème "les technologies de l'information et de la communication pour la sauvegarde et la promotion des langues et de la diversité linguistique".

22 fév 2013

Source : MAP

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