dimanche 24 novembre 2024 16:38

Au Maroc, rentrée des classes inédite pour étudiants en théologie chrétienne

Dans les locaux de "La Source", une trentaine d'étudiants pour la plupart originaires d'Afrique noire attendent le début de leur cours sur "l'histoire de l'Eglise": à Rabat, en terre d'islam, une formation universitaire inédite en théologie chrétienne vient de s'ouvrir.

"C'est la première fois que des étudiants catholiques et protestants suivent des cours communs dans une même salle, au Maroc, un pays musulman", se félicite auprès de l'AFP l'évêque de Rabat, Mgr Vincent Landel, un des concepteurs de ce projet mené en coopération avec l'Institut catholique de Paris et la faculté de théologie protestante de Strasbourg, dans l'est de la France.

Initié en 2012, l'institut "Al Mowafaqa" ("convergence") doit officiellement ouvrir ses portes en juillet pour offrir une formation universitaire "enracinée dans le contexte marocain (...), au service des Eglises chrétiennes au Maroc et au-delà", précise son site internet (almowafaqa.com).

En attendant, une session intensive a été lancée en février dans les locaux de "La Source", un centre de documentation du diocèse de Rabat.

En cette deuxième journée de formation, dans la grande salle de cours, des étudiants de 12 nationalités suivent un séminaire sur la Bible assuré par deux professeurs, l'un catholique et l'autre protestant.

"Je vis à Midelt (centre) et je suis infirmière. Cette formation me permettra d'approfondir mes connaissances et ma foi, en plus du diplôme universitaire que j'aurai dans quatre ans", explique une jeune Camerounaise installée au Maroc depuis plus de dix ans.

"Moi je vis à Agadir (sud-ouest). Aujourd'hui je suis engagée dans mon Eglise et cette formation est très importante pour moi", ajoute une étudiante malgache.

Le conseil d'administration est lui-même composé d'enseignants de diverses universités étrangères: Cameroun, France, Liban, Congo...

Ne pas être Marocain

Adressé en premier lieu à un public originaire d'Afrique subsaharienne, la formation doit permettre l'émergence de "cadres et de leaders" des Eglises, assistants de paroisse, animateurs de communautés et futurs pasteurs, selon ses initiateurs.
Cette volonté part du constat que "les Eglises chrétiennes du Maroc connaissent une forte croissance (au moins 30.000 chrétiens) du fait de l'afflux de plus en plus d'étudiants subsahariens", ajoutent-ils.

Mais les lauréats ont aussi vocation à servir dans leur pays d'origine, note le pasteur Samuel Amedro, président de l'Eglise évangélique au Maroc (EEAM) et autre architecte du projet.

Les deux Eglises, catholique et protestante, de Rabat financent en grande partie le projet, mais d'autres associations chrétiennes y contribuent.

Outre les chrétiens souhaitant "s'engager à plein temps au service" de leur Eglise, Al-Mowafaqa proposera des cours à des personnes souhaitant approfondir la théologie "à leur rythme" ou effectuer un semestre en immersion.

Les critères d'admission sont eux clairement définis: être chrétien, avoir le baccalauréat... et ne pas être Marocain.

"Nous travaillons dans le respect de la loi du pays qui nous accueille", fait valoir Mgr Landel.

Le code pénal du Maroc, où l'islam est religion d'Etat, punit de six mois à trois ans de prison "quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d'ébranler la foi d'un musulman ou de le convertir à une autre religion".

Pour parer à toute polémique, le directeur, Bernard Coyault, insiste sur l'"ouverture" de l'institut aux autres religions, en particulier l'islam. "Un cours intitulé +Connaître l'islam+, enseigné par un professeur marocain, est d'ailleurs prévu dans la formation".

25 fév 2013

Source : AFP

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