Dans une interview exclusive au "Daily Express", le Premier ministre britannique a annoncé une série de mesures restrictives pour tous les nouveaux arrivants.
L'opération reconquête a commencé. Dans la ligne de mire d'un David Cameron déjà en campagne pour sa réélection en 2015 : les cols bleus. Ceux qui lui ont coûté la majorité absolue et l'ont forcé à la coalition avec les centristes en mai 2010, ceux qui, aujourd'hui encore, le boudent dans les enquêtes d'opinion. La faute, entre autres, à cette étiquette de parti des privilégiés qui colle aux tories, et au parcours sans tache de jeune homme de bonne famille du Premier ministre, passé notamment par les bancs de la célèbre et élitiste université Eton. Pour cela, Cameron pense avoir trouvé la martingale : de plus en plus sensible au Royaume-Uni, le sujet de l'immigration, et notamment celle en provenance de l'est de l'Europe.
D'ici à la fin de l'année, la Roumanie et la Bulgarie verront se lever les restrictions de circulation des travailleurs vers la Grande-Bretagne. Un risque trop élevé de déferlement d'immigrés sur un pays qui n'a plus les moyens de les accueillir depuis longtemps, juge l'opinion chauffée par les tabloïds, le Daily Express, auquel Cameron a donné son interview, en tête. Pas une semaine sans que le quotidien affiche à sa une des cas d'abus du welfare britannique par de nouveaux entrants dans le pays. "The family of hell", "la famille de l'enfer", titrait ainsi récemment le journal, photo d'un jeune Palestinien faisant un bras d'honneur à l'appui, pour illustrer ce cas d'une famille très nombreuse du Proche-Orient venant d'obtenir une coquette maison de 80 mètres carrés en guise de logement social, sans travailler et en exaspérant le voisinage par de nombreuses nuisances...
"Pour une immigration qui profite au pays"
Voilà donc le locataire du 10 Downing Street qui lève le voile sur une série de mesures restrictives pour les nouveaux arrivants en Grande-Bretagne. Plus question d'avoir un accès immédiat au NHS, le système national de santé, ni au logement, ni aux allocations familiales... Désormais, il faudra avoir cotisé un certain temps pour y avoir droit, mais le Premier ministre n'a pas précisé combien. Finie aussi l'aide juridique gratuite et automatique pour les plus démunis en cas de passage devant les tribunaux, il va bientôt falloir être résident sur le sol britannique. Cameron en est sûr : cette simple dernière mesure permettra déjà au pays d'économiser deux milliards de livres.
Et ce n'est sans doute pas fini : "Nous ne voulons plus des gens qui ne viennent pas ici pour travailler, mais pour profiter du système. Et je l'ai dit la semaine dernière aux Indiens quand j'étais à New Delhi : nous ne voulons pas non plus d'étudiants qui, après l'université, prennent sur notre sol des emplois non qualifiés et s'installent pour des siècles dans le pays. Ce n'est pas notre intérêt national. Notre message est très clair : nous voulons une immigration qui profite au pays. Ces mesures ne sont donc qu'une première étape. J'ai demandé à tous les ministres de réfléchir à des idées nouvelles pour limiter l'immigration dans tous les domaines, a déclaré le Premier ministre. Je leur ai dit : pensez comme les conservateurs que vous êtes".
Les nouveaux immigrés ne sont pas la seule cible du Premier ministre. David Cameron a aussi annoncé qu'il envisageait de nouvelles réductions des prestations sociales pour les chômeurs de longue durée, une manière, là aussi, dit-il, "d'entendre la voix de ceux qui travaillent dur et contribuent au pays pendant que d'autres ne font rien".
26/02/2013, Anissa El Jabri
Source : Le Point.fr