Le profil typique d'un migrant marocain est un homme célibataire avec un faible niveau d'éducation qui migre une fois pour une période de dix ans en France ou en Espagne afin d'améliorer ses conditions de vie, selon une étude sur "Migration et Compétences" présentée mardi à Rabat.
Ce migrant "n'est pas au courant des programmes (gouvernementaux) qui facilitent la migration de travail, compte sur ses amis et sa famille pour trouver un emploi à l'étranger, travaille en tant que salarié ou travailleur occasionnel, passe environ dix mois au chômage, apprend la langue du pays hôte, mais n'acquiert pratiquement pas d'autres nouvelles compétences et retourne au Maroc principalement pour des raisons familiales", souligne l'étude élaborée dans le cadre du projet "Migration et compétences" de la Fondation européenne pour la formation (ETF), réalisée en même temps en Arménie, en Géorgie et au Maroc en 2011 et 2012.
Ce projet vise à contribuer à l'amélioration des politiques migratoires en fournissant des analyses à partir de données fiables sur la migration, les compétences et l'emploi dans l'Union européenne (UE) et les pays partenaires concernés.
Selon les résultats de l'enquête, le phénomène migratoire est très répandu au Maroc. En 2011, la population marocaine migrante s'est élevée à 3,4 millions de personnes. Quarante-deux (42) pc des personnes interrogées par l'enquête ont déclaré leur intention d'émigrer. Majoritairement le migrant marocain est toujours un homme (48 pc) et seul 35 pc des femmes ont indiqué vouloir émigrer.
Toutefois, la migration marocaine s'est féminisée, d'abord suite au regroupement familial et ensuite du fait de l'augmentation du nombre des marocaines qui émigrent soit avec leur famille, soit seule en étant à la recherche d'une vie meilleure, surtout en termes économiques. Les femmes représentent aujourd'hui environ 40 pc de la migration marocaine.
L'intention d'émigrer est plus forte chez les jeunes, mais le statut marital et le fait d'avoir des enfants sont en "corrélation négative avec le projet d'émigrer", selon l'enquête.
L'intention d'émigrer est aussi répandue dans le milieu rural que dans le milieu urbain, sauf à ..Casablanca et Rabat où l'on a moins souvent l'intention de migrer. Par répartition géographique des départs du Maroc, la région d'Agadir arrive en tête avec 52 pc des personnes ayant l'intention d'émigrer, suivie de la région de Marrakech (49 pc).
Comme destination probable des migrants potentiels le continent européen arrive en tête (plus de 70pc), ceci conforte une tradition vieille de plus de cinq décennies et qui s'explique par des raisons économiques, historiques, géographiques et culturelles. Quel que soit le niveau d'études des répondants et leur statut professionnel, la France, L'Espagne et l'Italie restent les destinations préférées des migrants potentiels, selon l'étude.
Le projet "Migration et compétences" porte sur une recherche documentaire, des missions d'information, deux enquêtes sur le terrain avec 4.000 personnes interrogées (2.600 migrants potentiels et 1.400 migrants de retour au pays) et l'analyse de données. L'enquête est la plus grande enquête dans le domaine de la migration et des compétences menée au Maroc jusqu'à aujourd'hui.
Afin d'approfondir la question des migrations et compétences, l'ETF a été mandatée pour mener une série d'études dans plusieurs pays partenaires de l'Union européenne, le but étant d'examiner le niveau d'études, les compétences et la situation professionnelle des migrants avant, pendant et après le processus de migration. Des études ont été menées en 2006-2008 dans six pays (Albanie, Egypte, Moldavie, Tadjikistan, Tunisie, Ukraine), puis en 2011-2012ôdans trois pays (Arménie, Géorgie, Maroc). Ces pays ont été sélectionnés en étroite consultation avec les services de la Commission européenne, en fonction de l'importance du phénomène migratoire et de son impact.
26 févr. 2013
Source : MAP