François Hollande a présidé jeudi la cérémonie d'hommage à Stephane Hessel, l'auteur du manifeste "Indignez-vous" dont le succès mondial a inspiré les "indignés" occidentaux et qui est décédé la semaine dernière à l'âge de 95 ans.
Le chef de l'Etat a célébré la mémoire de l'ancien résistant, qui fut déporté pendant la Seconde Guerre mondiale dans la cour d'honneur de l'hôtel des Invalides, où les honneurs militaires lui ont été rendus.
"Nous sommes réunis, rassemblés autour d'un homme qui fut une conscience, un grand Français, un juste", a-t-il dit en présence des membres du gouvernement, des présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, ainsi que de nombreux proches de Stéphane Hessel.
"Stéphane Hessel était un homme libre, libre de ses choix, libre de ses engagements, libre de sa parole, libre de sa vie. La vérité, c'était sa passion", a-t-il ajouté.
Une pluie d'hommages, venus surtout de la gauche, a accompagné la mort de Stéphane Hessel mais quelques voix discordantes se sont fait entendre.
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRFI) a dénoncé la "mise au pavois" d'un homme s'accommodant, selon lui, avec la vérité historique et qui "fut avant tout un maÂŒtre à ne pas penser."
Les prises de position pro-palestiniennes de Stéphane Hessel lui ont valu des critiques d'une partie de la communauté juive.
S'étonnant de "l'aveuglement des médias", Claude Moisy, ancien PDG de l'Agence France Presse, a souligné dans Le Monde que Stéphane Hessel n'était pas coauteur de la Déclaration des droits de l'homme comme cela été écrit partout.
« APPEL A LA LUCIDITE »
Né en 1917 à Berlin, Stéphane Hessel avait été naturalisé français à l'âge de 20 ans.
Cet ami personnel de l'ancien président du Conseil Pierre Mendès-France et de l'ex-Premier ministre Michel Rocard avait fait une carrière atypique dans la diplomatie, notamment aux Nations unies, au Vietnam et à Alger.
Il a connu un succès planétaire à l'âge de 93 ans avec son manifeste "Indignez-vous", paru en octobre 2010, qui s'est vendu à plus de quatre millions d'exemplaires.
Il y dénonçait notamment l'écart croissant entre les très riches et les très pauvres, le traitement fait aux sans-papiers et aux immigrés, ainsi que la dictature des marchés financiers.
Mais pour François Hollande, son opuscule "n'était pas une invitation à la révolte, mais à la lucidité" et son indignation était "une exigence d'action".
"Il exprimait son engagement de mille manières", a ajouté le chef de l'Etat, revenant sur les différentes actions de Stéphane Hessel, "toujours prêt à participer, à lancer une initiative."
Son engagement était "basé sur des convictions fortes, qui donnent un sens à une existence", a ajouté François Hollande. "Cet esprit-là ne mourra jamais. Il a un nom : c'est celui de la République".
Auparavant, l'actrice Carole Bouquet, porte-parole de l'association "La voix de l'enfant", dont le président d'honneur était Stéphane Hessel, avait lu un poème d'Apollinaire, "La jolie rousse", que l'ancien résistant "aimait tant".
7 mars 2013, Gérard Bon, édité par Yves Clarisse
Source : Reuters