Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, considère que le dialogue et la pédagogie sont plus efficaces qu'une loi pour contrer le voile intégral.
Auditionné mercredi par la mission parlementaire chargée d'étudier cette question, M. Moussaoui a par ailleurs insisté sur la nécessité de lutter contre l'islamophobie en France.
Entouré de plusieurs membres du bureau exécutif du CFCM, Mohammed Moussaoui a expliqué que le port du voile intégral "n'est pas une prescription religieuse mais une pratique basée sur un avis minoritaire".
Le CFCM, a-t-il ajouté, considère que "pour assurer un meilleur +vivre ensemble+ il est impératif que chacun prenne en compte la perception de cette pratique par le reste de la société, et également que chacun reconnaisse le droit à la différence". Il juge légitime de demander à une femme de montrer son visage pour contrôler son identité, pour que le banquier ou l'institutrice la reconnaisse, mais il voit dans ce désir d'interdire le voile "un risque d'instrumentalisation de l'islam (...) de stigmatisation de toute une religion".
L'ouverture de ce débat, insiste-t-il, a fait naître un sentiment d'injustice dans la communauté musulmane et il souhaite la mise en place d'une mission ou d'une commission parlementaire pour "dresser le tableau de la montée de l'islamophobie en France, de la multiplication de ces actes qui menacent la cohésion nationale". Il s'est étonné par exemple que les auteurs de profanations de cimetières militaires musulmans n'aient pas été retrouvés.
Le CFCM "prône le dialogue et la pédagogie", a-t-il ajouté, demandant d'avoir "confiance dans les valeurs qui animent les musulmans de France".
Les parlementaires ont demandé si la pédagogie était bien suffisante pour contrer la pratique du voile intégral et ont insisté pour que le CFCM la condamne plus vigoureusement.
Mohammed Moussaoui a répondu que les imams de France "travaillent à faire régresser cette pratique marginale". Pour lui, une loi interdisant le voile intégral serait "contre-productive et inapplicable".
La commission parlementaire a ensuite entendu Denys de Béchillon, professeur de droit public à l'université de Pau qui a expliqué combien il serait difficile de légiférer sur la question, que ce soit au nom de la laïcité, de l'odre public ou de la dignité de la personne humaine. "Nous n'avons, a-t-il résumé, ni les outils (juridiques) ni la culture politique pour interdire le voile sur le territoire national".
La mission parlementaire d'information sur le port du voile intégral sur le territoire national, présidée par le député du Rhône André Gerin (PCF), doit encore procéder à une dizaine d'auditions et rendra son rapport fin janvier 2010.
Source: Le Monde