La situation dure depuis cinq ans. La Seine-Saint-Denis, le département francilien comptant le plus de musulmans en Ile-de-France (environ 450 000 personnes), ne dispose d'aucun abattoir pour sacrifier en toute légalité les moutons dans le cadre des fêtes de l'Aïd-el-Kébir, qui se tiennent cette année le 28 novembre. Une anomalie en passe d'être réparée.
Le conseil général de Seine-Saint-Denis vient de décider la mise à disposition d'un terrain départemental qui pourrait accueillir dès cette année un abattoir mobile. La convention a été passée pour cinq ans avec le conseil régional du culte musulman (CRCM) qui pourra utiliser trois jours par an l'aire des Vents, dans le parc départemental de La Courneuve, où est organisée chaque année la Fête de l'Huma. « On est venu me voir il y a un an en me lançant : pas chiche . J'ai répondu : chiche dans le respect des lois républicaines », confie Claude Bartolone, le président PS du conseil général.
« On est sur la bonne voie »
Le projet, ardemment défendu par le préfet de Seine-Saint-Denis Nacer Meddah, se heurte néanmoins à un obstacle de poids : aucun boucher agréé n'a encore donné son accord pour organiser l'abattage fin novembre. Une réunion doit se tenir aujourd'hui avec un candidat.
Khaled Bouchama, chargé du dossier abattage au sein du CRCM Ile-de-France-Centre se veut confiant. Selon lui, l'abattage, qui se déroulera pendant trois jours et concernera 1 200 bêtes, a toutes les chances d'être organisé dès cette année. « On est sur la bonne voie, assure-t-il. Il nous reste à finaliser la convention avec l'opérateur qui a déjà commandé un abattoir mobile. » Le temps presse puisque la préfecture attend toujours de recevoir le dossier nécessaire à l'agrément des services vétérinaires.
L'Union des associations musulmanes du 93 (UAM 93), également associée au projet, se montre plus prudente. « Il y a 50 % de chances pour que l'opérateur accepte », évalue son secrétaire M'hammed Henniche, qui pointe les risques financiers. « Pour que le professionnel rentre dans ses frais, il faut que l'opération soit menée au moins trois années consécutives. On a senti chez le préfet actuel une vraie volonté que le projet aboutisse. Mais rien ne nous garantit que l'agrément soit renouvelé sur trois ans. » Pour le responsable associatif, la vraie solution réside dans l'achat d'un abattoir mobile. M'hammed Henniche en appelle aux élus et cite en exemple l'abattoir temporaire d'Elancourt (Yvelines) mis sur pied chaque année depuis 2007 grâce au soutien financier de la ville et de trois communes voisines. « L'installation commence à rapporter de l'argent. Il faut que cela devienne un modèle dans les grandes agglomérations », conclut-il.
Source: Le Parisien