dimanche 24 novembre 2024 15:52

Le Maroc doit s'approprier la question de la gouvernance mondiale de l'immigration

Le Maroc doit s'approprier la question de la gouvernance mondiale de l'immigration, a estimé, samedi à Casablanca, la directrice de recherche au CNRS Paris, Catherine Wihtol de Wenden.
"Il est important que le Maroc, deuxième plus grande diaspora aujourd'hui en Europe, derrière la Turquie, s'approprie la question de la gouvernance mondiale de l'immigration", a déclaré Mme De Wenden à la MAP en marge d'une rencontre organisée par le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME) dans le cadre du 19ème salon international de l'Edition et du Livre (SIEL) sur le thème "Penser la gouvernance mondiale de l'immigration".

"L'entrée du Maroc dans cette dynamique, comme partenaire de la gouvernance mondiale de l'immigration, va lui permettre de peser sur les débats internationaux qui porteront sur le statut de l'immigrant marocain à l'étranger, entre autres", a-t-elle ajouté.

Pour la chercheuse française, le phénomène de la migration est aujourd'hui défini par deux caractéristiques, à savoir la mondialisation et la régionalisation.

D'une part, la globalisation du phénomène n'est plus à confirmer car tous les pays du monde "sont concernés par la migration, soit par le départ, l'accueil, le transit, ou les trois à la fois, comme cela est le cas du Maroc, de la Turquie ou du Mexique", a-t-elle dit lors de cette rencontre dédiée également à la présentation de ses deux derniers ouvrages "la question migratoire au 21ème siècle" et "Les nouvelles migrations : lieux, hommes, politiques".

D'autre part, le monde d'aujourd'hui se divise en "régions migratoires". Les cas du monde russe, où la circulation est facile entre la Russie et les pays de l'ex-URSS, et le Mercosur (marché du travail sud-américain), sont, dans ce sens, révélateurs. De ce fait, "La régionalisation des flux est en train de se confirmer à l'échelle mondiale", a-t-elle indiqué.
Ceci n'est pas sans créer des résistances, à l'image de la montée des souverainismes, "car l'Etat est le grand perdant de ce transe-nationalisme, puisqu'il ne contrô le plus ses frontières (cas des sans-papiers) et n'arrive plus à maitriser sa population", a expliqué Mme. De Wenden, qui n'a pas manqué de rappeler que la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille(1990), qui est le socle juridique de la gouvernance mondiale de l'immigration, n'est signé que par 46 Etats, tous des pays du sud.

Les Etats Unis et les pays européens ne sont pas prêts à marcher main dans la main dans l'idée d'une gouvernance mondiale de l'immigration, car ils perdraient beaucoup de leur souveraineté", a-t-elle estimé, appelant à engager un véritable dialogue sur la question.

Quant au président du CCME, Driss El Yazami, le phénomène de l'immigration s'est amplifié pour englober plusieurs profils (étudiant, demandeur d'asile, compétence hautement qualifiée, etc ), ce qui présuppose qu'il y'a plusieurs formes d'immigrations.

S'attardant sur le paradoxe opposant enracinement et appartenance, dans le cas de la montée en puissance du phénomène de la double nationalité, il a dit que la Constitution du Royaume a ouvert la voie à la gestion de l'appartenance.

Tout en garantissant que le Royaume est responsable des droits de sa communauté résidant à l'étranger, la Constitution appelle cette communauté à appartenir à leurs deux sociétés et à ce que les enfants d'immigrants soient de bons citoyens dans leurs pays d'origine et d'accueil, "ce qui est très rare dans le domaine constitutionnel mondial", a jugé M. El Yazami.
Le CCME présente un riche programme au cours de la 9ème édition du SIEL, organisée du 29 mars au 7 avril à Casablanca, sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI.

31 mars 2013, Mustapha Sguenfle

Source : MAP

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