L'art contemporain marocain est mis à l'honneur dès cette semaine à l'Institut du monde arabe de Paris (IMA) avec "Lumière invisible", une exposition originale de calligraphies en trois dimensions, fruit d'une rencontre entre le peintre des lettres Mehdi Qotbi et le jeune sculpteur et designer d'objets d'art, Yahya.
Les deux artistes d'origine marocaine ont créé 17 objets (ronds, carrés, médaillons) où l'un a sculpté sur métal (laiton, bronze, acier) le travail calligraphique en peinture de l'autre.
Jusqu'au 7 juillet, l'exposition où les deux artistes se livrent à un dialogue dans un langage imaginaire, libre héritage de la tradition calligraphique des arts de l'Islam, vient donner un avant-goût de la grande manifestation "Le Maroc des arts contemporains" annoncée comme événement phare de l'IMA à l'automne 2014.
"On allume le feu dès maintenant. Dès maintenant, la lumière resplendit du Maroc, de l'intelligence et de la beauté", a confié à la MAP, le nouveau président de l'Institut du monde arabe, Jack Lang, en marge de la cérémonie du vernissage de l'exposition, la première depuis sa nomination à la tête de l'IMA.
"Je suis heureux que le hasard m'offre d'ouvrir cette présidence par une exposition aussi lumineuse. C'est à la fois très profondément traditionnel et extraordinairement moderne. C'est le monde arabe dans sa double puissance historique et contemporaine", a-t-il ajouté.
Il voit dans "cette alliance originale" entre Qotbi et Yahya, deux artistes marocains ayant passé une grande partie de leur vie, l'un en France et l'autre en Grande Bretagne, "une source d'un miracle".
Qotbi et Yahya ont créé des signes et des lettres qui s'entrelacent et composent une nouvelle abstraction, tandis que la lumière, s'insinuant dans cette calligraphie en trois dimensions, confère une aura quasiment magique aux sculptures.
Dans cette exposition exclusive, Mehdi Qotbi et Yahya donnent à voir des objets artistiques, non identifiés, comme des étoiles inédites dans le ciel de la création.
Né en 1951 à Rabat, Mehdi Qotbi quitte le Maroc à la fin des années soixante pour la France, où il intègre l'Ecole des beaux-arts de Paris, avant de devenir professeur d'arts plastiques dans la région parisienne et de se consacrer par la suite uniquement à la peinture.
Quelques décennies plus tard, en 2005, il retourne vivre au Maroc où il devient membre du Conseil consultatif des droits de l'Homme et oeuvre inlassablement pour le rapprochement des cultures. En 2011, Il a été nommé, par SM le Roi Mohammed VI, à la tête de la Fondation nationale des musées au Maroc, tout en continuant son oeuvre picturale.
De son côté, Yahya est un artiste autodidacte au coeur de tous les métissages. Issu d'un mélange de cultures, de nationalités et de religions différentes, Yahya est né à Londres en 1972, d'une mère anglo-allemande chrétienne et d'un père juif marocain. Devenu adulte, il se convertit à l'Islam.
14 avr 2013, Amal TAZI
Source : MAP