L'association s'alarme du «mépris des droits» des étrangers en attente d'expulsion et appelle à la mobilisation contre l'ouverture d'un nouveau centre «ultra-sécuritaire» en Seine-et-Marne.
Des centres de rétention de plus en plus carcéraux et déshumanisants, où les situations individuelles passent à l'arrière plan: c'est le tableau que dresse la Cimade, seule association présente à ce jour dans les lieux de rétention, où transitent les sans-papiers. L'association présentait ce matin son rapport annuel, véritable radiographie de chacun des 23 centres et 12 locaux de rétention administrative en France.
En 2008, 32.284 personnes de 163 nationalités ont été enfermées de 24 heures à 32 jours dans des centres de rétention en métropole, a décompté l'association. Dont 118 familles avec 222 enfants.
Même si «globalement, les conditions en rétention sont correctes», la Cimade s'alarme de la dégradation du «climat général» dans les centres, du fait d'un «mépris de plus en plus grand des droits des étrangers placés en rétention» allant de pair avec la «politique du chiffre». L'association s'inquiète aussi de l'état déplorable des lieux déplorables des lieux de rétention de l'outre-mer, comme à Mayotte.
L'association dénonce la dimension «de plus en plus carcérale» des centres, et d'une manière générale la «banalisation de l'enfermement» et «l'industrialisation de la rétention», qui plongent les personnes retenues dans une grande détresse. La Cimade constate de fréquentes automutilations et tentatives de suicides (neuf au centre de rétention de Vincennes pour le seul mois de mai 2009).
Nouveau centre «totalement déshumanisé»
En témoigne, selon la Cimade, l'ouverture programmée d'un nouveau centre de rétention au Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne, véritable «méga-structure ultra sécuritaire». Ce complexe de deux fois 120 places viendra s'ajouter au centre de 140 places (le maximum autorisé par la réglementation) déjà existant dans cette commune.
Une telle concentration de personnes va favoriser le développement de tensions et violences en même temps qu'elle compliquera la tâche des intervenants, selon la Cimade, qui décrit un centre «immense, totalement déshumanisé, dont toutes les portes sont blindées, où tout est fait pour limiter le contact entre les personnes», équipé «de détecteurs de mouvements et de caméras dans tous les sens».
Ce rapport de la Cimade, dressant un état des lieux exhaustif de chacun des centres, pourrait bien être le dernier du genre. Car l'association devrait être bientôt amenée, au terme d'un bras de fer engagé il y plus d'un an avec le ministère d' lmmigration et de l'Identité nationale, à partager avec d'autres sa mission d'assistance dans les centres de rétention. Et donc renoncer à sa vue d'ensemble... «Pluralisme» nécessaire, pour le gouvernement, «marginalisation» assurée des associations, pour la Cimade, convaincue que cet «éclatement» ne pourra «que réduire les droits des étrangers», en empêchant toute action globale et en mettant en concurrence par appel d'offre les associations.
Source : Liberation.fr