François Hollande avait promis pendant sa campagne un débat annuel au Parlement pour "fixer le chiffre des besoins" en main-d'œuvre de l'économie.
La France a-t-elle besoin de travailleurs immigrés malgré la crise ? Quels étudiants étrangers peuvent servir son rayonnement ? Ces questions seront abordées mercredi lors d'un débat au Sénat, que le gouvernement espère "apaisé" malgré les clivages.
Dans l'entre-deux-tours de la présidentielle, François Hollande avait promis un débat annuel au Parlement pour "fixer le chiffre des besoins" en main-d'œuvre de l'économie française.
Un an plus tard, ce "débat sans vote" arrive à la Chambre haute. Le ministre de l'Intérieur et de l'Immigration, Manuel Valls, devrait y "révéler les orientations du gouvernement" sur l'immigration professionnelle et étudiante avant un projet de loi prévu cet été.
En promettant un débat, François Hollande n'avait pas évoqué les étudiants internationaux, qui représentaient l'an dernier 12,3 % des effectifs du supérieur avec 290 000 personnes.
Titres de séjour pluriannuels pour les étudiants
Mais la Place Beauvau a jugé "logique" de les inclure, puisqu'un tiers restent en France une fois diplômés pour se marier ou travailler. Histoire aussi de braquer les projecteurs sur des immigrés talentueux, plus susceptibles d'"apaiser" les esprits sur ce sujet potentiellement délicat.
Pour que la France "ne reste pas à l'écart du grand mouvement d'universalisation du savoir", Manuel Valls a déjà promis, avec sa collègue de l'Enseignement supérieur Geneviève Fioraso, des titres de séjour pluriannuels pour les étudiants et des guichets uniques sur les campus pour leurs démarches administratives.
Sur l'immigration de travail, le postulat de départ diffère: si le président a toujours promis de maintenir une politique ouverte en faveur des étudiants, il avait jugé pendant la campagne "indispensable" de limiter l'immigration économique en période de crise.
Depuis, le chômage s'est aggravé, tout comme l'intolérance envers les étrangers : selon un sondage, 69 % des Français considèreraient qu'il y a "trop d'immigrés" dans le pays, un chiffre en hausse de dix points sur un an. Malgré tout, le discours officiel s'est légèrement modifié.
"Des talents et des soudeurs"
Le pacte pour la compétitivité du 6 novembre prévoit de renforcer l'attractivité de la France pour "les talents" et "les visiteurs professionnels qui contribuent au dynamisme" de l'économie.
Un "document préparatoire au débat parlementaire", rédigé par le ministère de l'Intérieur, a ensuite rappelé que l'immigration économique était "faible en volume", avec moins de 17 000 entrées en 2012 (9 % du total). Ce rapport souligne aussi que de nombreux postes vont se libérer d'ici à 2020 chez les agents d'entretien, les aides-soignants ou encore les informaticiens. Faute de structures de formation suffisantes en France "le recours à la main-d'œuvre étrangère pourrait utilement être envisagé", préconisent ses auteurs. En d'autres termes, il faut "une immigration professionnelle en adéquation avec les besoins du pays", explique l'entourage de Manuel Valls. "On ne parle pas que des talents, mais aussi des soudeurs..."
On n'est pas loin de "l'immigration choisie" prônée par Nicolas Sarkozy pendant son mandat par opposition à une "immigration subie" (époux de Français, regroupement familial). Le nouveau gouvernement refuse toutefois ces termes, arguant que des personnes arrivées pour motifs familiaux peuvent aussi être un apport pour le pays. Surtout, il n'est plus question de "quotas" chiffrés - même si Manuel Valls en avait défendu le principe pendant la primaire socialiste. Le débat devrait donc se concentrer sur les moyens de rendre le dispositif actuel "plus réactif par rapport à la situation de l'emploi". Le document de travail transmis aux parlementaires évoque plusieurs "pistes" : rationalisation du maquis des titres de séjour (il en existe onze différents), simplification de la procédure d'autorisation de travail, etc. Les arbitrages ont été rendus lors d'une réunion interministérielle le 15 avril à Matignon. Ils seront dévoilés mercredi à partir de 21 h 30.
23/04/2013
Source : Le Point.fr/AFP