La déclaration politique sur un Partenariat pour la mobilité, signée vendredi au Luxembourg par le Maroc et l'UE, ouvre la voie à une approche globale, régionale et humaine de la migration, a affirmé l'ambassadeur Menouar Alem, chef de la mission du Maroc auprès de l'UE.
Cette déclaration politique conjointe signée par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Saad Eddine El Othmani, et la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Cecilia Malmstrom, ouvre la voie à une approche équilibrée de la migration, qui s'appuie sur trois principaux piliers, à savoir la mobilité, la migration légale et la sécurité, a indiqué M. Alem dans une interview à la MAP.
De ce fait, cet accord politique répond à un double souhait que le Maroc n'a cessé d'exprimer depuis longtemps, celui d'appréhender la question de la migration dans un cadre global (migration clandestine et légale) et de développement, notamment dans les régions à fort potentiel migratoire, avec l'ouverture en parallèle des discussions sur la facilitation des procédures d'octroi des visas pour les citoyens marocains, a-t-il dit. M. Alem a tenu à préciser que le Maroc tenait beaucoup à cette approche globale en matière de traitement de la question de la migration, compte tenu des résultats concluants auxquels elle a abouti, relevant que les expériences de migration circulaire et temporaire qu'a menées le Maroc sur le plan bilatéral avec certains pays européens, notamment l'Espagne, apportent la preuve que la migration légale peut être un moyen efficace de lutte contre la migration clandestine.
Il a également assuré à ce propos que la migration du travail représente une opportunité réelle en matière de transfert de technologie et de croissance économique aussi bien pour les pays d'origine que d'accueil, citant à titre d'exemple la contribution «active et loyale» de la communauté marocaine installée en Europe au développement économique et social du vieux continent lors de la période 1945-1973 des «Trente glorieuses». Le diplomate marocain a en outre souligné que la problématique de la mobilité devait être revisitée sans discrimination entre l'Est et le Sud du voisinage de l'Europe et clairement distinguée de la migration illégale qui requiert des réponses appropriées. Il convient alors d'explorer, dans un esprit d'égalité de traitement, les voies et moyens permettant une meilleure mobilité des citoyens du voisinage Sud, alliant le respect de leurs droits et leur dignité humaine, d'une part, et des lois et règlements des pays de destination, d'autre part, a-t-il soutenu. Et d'ajouter que c'est dans cet esprit-là que le Maroc a toujours insisté sur l'ouverture des discussions sur la facilitation des visas pour certaines catégories de citoyens (étudiants, chercheurs, hommes d'affaires) dans une première étape, en parallèle avec les négociations de l'accord de réadmission, suivant ainsi la même approche prônée par l'UE avec les pays de l'Europe de l'Est.
Au sujet de l'accord de réadmission en négociation, M. Alem a indiqué que le Maroc a réaffirmé à plusieurs reprises son engagement à conclure avec son partenaire européen un accord qui soit équilibré, réaliste, inscrit dans la durabilité, applicable sur le plan opérationnel et respectueux de la dignité humaine des migrants. Pour ce faire, a-t-il expliqué, il faut inscrire cette problématique dans un cadre régional pour que chaque pays émetteur et de transit assume sa part de responsabilité (95% de l'immigration clandestine transitant par le Maroc provient de la frontière est). Il faut également mettre en adéquation l'accord de réadmission en cours de négociation entre l'UE et le Maroc avec l'accord de «Cotonou», signé entre l'UE et les pays d'Afrique et entré en vigueur en 2003, afin de soulager légitimement le Maroc de la gestion des ressortissants originaires des pays tiers.
7 Juin 2013
Source : Le Matin/ MAP