Les questions migratoires, qui concernent des centaines de millions d'individus à travers le monde, doivent être traitées sous l'angle des droits de l'homme afin de prévenir les tragédies qu'elles engendrent régulièrement : telle est la principale recommandation issue d'une rencontre sur le sujet tenue à Dakar le 22 juillet 2013.
Cette approche basée sur le respect strict des droits humains doit être globale, en impliquant les Etats, les citoyens et les migrants eux-mêmes, selon Ndioro Ndiaye, ancienne directrice générale adjoint de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM)
« Les droits de l'Homme en tant que cadre juridique élaboré par les Etats peuvent aider à apaiser les tensions qui surviennent entre les Etats autour des déplacements de personnes », a-t-elle soutenu.
Fin mai 2013, les problèmes liés à la migration irrégulière des Sénégalais ont une nouvelle fait la Une des médias de ce pays, suite à l'emprisonnement de migrants sénégalais qui avaient envahi leur ambassade à Rabat pour protester contre le « traitement » dont il font l'objet de la part des forces de l'ordre de leur pays hôte .
Pour Mignane Diouf, coordinateur du Forum social sénégalais, ce problème récurrent constaté dans le Maghreb, risque de durer du fait de l'absence de politique migratoire concertée entre les Etats et le faible niveau de protection des migrants par les autorités.
« Il faut que le citoyen se sente protégé couvert par la diplomatie sénégalaise et que l'Etat du Sénégal travaille pour mettre en place une dynamique de confiance entre lui et ses citoyens », a-t-il indiqué.
Du fait de leur proximité avec l'Europe, des pays comme le Maroc et la Libye constituent des zones de transit qui recèlent de nombreux migrants subsahariens désireux de rejoindre des pays comme l'Italie et l'Espagne.
Cependant ces pays de transit sont accusés depuis des décennies d'avoir des politiques très « durs » envers les migrants subsahariens, qui les accusent d'arrestations arbitraires, de confiscation de passeport ou de déportations forcées.
« Mettre la question des droits au centre de la problématique des migrations devient une nécessité en ces temps de crise économique et financière globale », préconisait déjà le secrétaire général de l'Organisation des Nations-unies (Onu) Ban Ki-Moon, lors de l'édition 2012 de la journée internationale des migrants, célébrée chaque 18 décembre.
Selon les Nations-unies, les migrants sont évalués à plus de 214 millions de personnes dans le monde, poussés hors de leur pays par la pauvreté, l'exclusion, la violation de leurs droits.
Cependant même si la question du respect des droits des migrants ne se discute pas, d'aucuns rappellent notamment à ces derniers leurs devoirs, plus particulièrement au respect des lois dans les pays d'accueil.
A cet égard, Cheikh Tidiane Seck, ancien commissaire de la police sénégalaise, a souligné la nécessité de mettre en place une « instance de préparation à la migration », étant donné que les migrants sénégalais posent problème du point de vue de leur éducation.
« Il est anormal que le marchand ambulant dakarois occupant avec anarchie la voie publique veuille transposer son comportement dans des pays où tout est organisé », a-t-il soutenu. Les récentes manifestations à l'Ambassade du Sénégal à Rabat, ont été le fait de marchand ambulants sénégalais, qui voulaient continuer une activité qui contrairement au Sénégal est interdite au Maroc.
Dans son intervention, l'ambassadeur du Ghana au Sénégal, Abdulai Yakubu est revenu sur ce nécessaire effort à faire pour éduquer les migrants.
« Le conseil que nous donnons à nos ressortissants, c'est de respecter strictement les lois en vigueur dans les pays où ils séjournent et ils obéissent à nos recommandations, ici à Dakar comme vous pouvez le constater il est très rare de voir un Ghanéen faire la Une des journaux », s'est-il réjoui.
Les intervenants à cette table ont aussi déploré, le manque d'implication de l'Union européenne(UE) pour une solution globale de la question migratoire. Jusqu'à ce jour aucun pays européens n'a ratifié la convention internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille entré en vigueur en 2003.
Pour le président du comité sénégalais des droits de l'homme, Alioune Tine, cette situation affaibli ce traité, car tous les pays sont concernés par la question soit en tant que pays de départ, de transit ou de destination.
Pour lutter contre l'afflux de migrants, l'Union européenne a mis en place un dispositif de contrôle maritime dénommé Frontex, dont les patrouilles, au-delà des eaux territoriales de l'UE, sont souvent dénoncées par les militants des droits de l'Homme. Ce qui fait dire à certains observateurs que l'Europe a profité de la question migratoire pour déplacer ses frontières au-delà de la méditerranée.
22/7/2013
Source : ouestaf.com