vendredi 22 novembre 2024 10:18

Une nouvelle approche de l’histoire de la migration marocaine : Mémoires marocaines dévoilées en Grande-Bretagne

"La plus ancienne mention de l'Angleterre par un Marocain date de 1154, lorsque Charif El Idrissi, le premier géographe à dessiner une carte du monde connu d'alors, décrivit un mystérieux pays du nord de l'Europe appelé Angleterre", peut-on lire sur un support retraçant l'histoire des relations diplomatiques à travers  l'exposition  itinérante intitulée "Mémoires marocaines en Grande-Bretagne" qu'abrite  Dar Souiri du 29 octobre au 10 novembre 2009 dans le cadre de la 6ème édition du Festival des Andalousies atlantiques.


120 témoignages oraux et visuels recueillis auprès de trois générations pendant deux ans dans cinq villes de Grande-Bretagne, mettent en exergue la présence de la communauté marocaine au Royaume-Uni depuis le 19ème siècle.
Relations diplomatiques, échanges commerciaux, écrits britanniques sur le Maroc, appréciation mutuelle, femmes pionnières, identités locales, regards croisés, expressions artistiques anglo- marocaines,  fusions culturelles, et  nouvelles communautés marocaines en Grande-Bretagne, entre autres, d'un héritage maroco-britanique commun dévoilé par les trois stands de cette exposition réalisée en partenariat avec le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), la Fondation de la mémoire marocaine et le Forum des communautés migrantes et des réfugiés. Elle s'est fixé l'objectif d'inviter le plus large public à découvrir et réfléchir sur la manière dont les histoires sont interconnectées, et créer un environnement favorable aux Maroco-britanniques d'aujourd'hui. Le but était de partager la diversité de leurs histoires de migration tout en mettant en exergue leur contribution à l'enrichissement de l'environnement culturel de la société britannique contemporaine.


Pour Meryem Cherti, commissaire de l'exposition et docteur en sociologie, l'idée de l'exposition avait à peine effleuré les esprits, mais avec le soutien et l'accompagnement de plusieurs partenaires et la richesse du fonds documentaire retraçant l'histoire de l'émigration marocaine en Grande-Bretagne, il était devenu possible de réaliser cette œuvre sur les différentes figures de la présence marocaine, jusqu'à présent inaperçue (50 mille immigrés), au  Royaume-Uni. « Nous avons recueilli 120 témoignages auprès d'émigrants marocains issus des trois générations dans cinq villes. Une expérience qui nous a dévoilé la richesse et la diversité de la communauté marocaine dont la présence dans ce pays d'accueil n'est pas le fait d'aujourd'hui. Les documents, les œuvres d'art et les témoignages attestent d'une longue histoire maroco-britannique faite d'échange, de partage et de respect mutuel », précise-t-elle.


D'après Meryem Cherti, native de Taza en 1975 et professeur chercheur en sociologie à l'Université de Sussex, l'exposition "Mémoires marocaines en Grande-Bretagne" qui vient de faire escale au Maroc après trois mois en Grande-Bretagne, continuera sa tournée dans plusieurs pays européens et d'autres villes du Royaume-Uni qui ont exprimé leur souhait d'accueillir cette œuvre  pour témoigner de la reconnaissance à plusieurs générations d'émigrants marocains pionniers qui ont pu dresser les passerelles de dialogue et de partage avec le Royaume-Uni".


Pour Idriss El Yazami, président du CCME, cette exposition s'inscrit dans la vaste dynamique européenne marquée par la multiplication des initiatives liées à l'histoire des populations émigrées et des minorités, des actions qui révèlent  les avancées de la recherche en matière d'histoire de l'immigration et l'ouverture progressive des archives qui permettent de révéler des pans entiers de l'histoire nationale de chaque pays et d'intégrer dans le récit national la participation, souvent essentielle, des communautés d'origine étrangère. Elle montre ensuite le dynamisme des associations issues de ces communautés qui souhaitent réhabiliter l'histoire de leurs ancêtres et le long parcours souvent douloureux qui a amené les pionniers de l'émigration de leurs terres d'origine vers leurs pays d'accueil. Ces actions sont enfin, poursuit-il, une tentative de réponse pertinente  aux interrogations qui semblent traverser tous les pays européens sur les conditions d'une vie commune et les modalités d'une citoyenneté démocratique renouvelée par  la diversité et le pluralisme des idées.


Essaouira, dernière étape de la tournée de cette exposition, devait abriter la matinée du dimanche 01 novembre 2009 une table ronde autour du thème "Mogador, carrefour des cultures et témoin de l'histoire", avec la participation d'André Azoulay, président fondateur de l'Association Essaouira-Mogador, Idriss El Yazami, président du CCME, Abdelaziz Kheyari; Ahmed Siraj, Dear Mazoli, Azeddine Cara, Khaled Ben Sghir, et Meryem Cherti de la Fondation de la Mémoire marocaine.

Source : Libération.ma

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