Après les expulsions de Leonarda et d’un Arménien scolarisé à Paris samedi dernier, les lycéens se sont mobilisés ce jeudi dans la capitale...
Déjà la veille, à la sortie des cours, les SMS s’échangeaient. Avec un mot d’ordre: bloquer l’ouverture des lycées et se retrouver à 11h à Nation… Le message est, semble-t-il, bien passé (2.500 à 6.000 manifestants) entre les élèves, relayé par des professeurs du lycée Camille-Jenatzy (18e), où était scolarisé Khatchik Khachatryan, expulsé samedi vers l’Arménie.
Dès 6h, une vingtaine de lycées de la capitale (Charlemagne, Maurice-Ravel, Hélène-Boucher, Sophie-Germain...) ont été bloqués, à l’aide de mobilier urbain dispersé devant les entrées. «Tout le monde a le droit à la scolarisation», scande Ahmed, lycéen de 16 ans en 1ère à Turgo.
«Valls démission»
Puis à 11h, direction Nation, point de départ d’un cortège qui atteindra deux heures et demi plus tard, la Place Saint-Augustin (9e) en passant par Bastille, République et les Grands Boulevards.
«Valls, démission», «l’éducation, pas l’expulsion», «Khatchik en France, Valls en Arménie»… Les lycéens réclament le retour de leur camarade, certains reconnaissant être là davantage par solidarité, plutôt que par conviction. «Je ne sais pas qui c’était. Mais le lycée est bloqué, alors autant soutenir cette cause», justifie Clara, élève en seconde.
Gaz lacrymogènes
Peu habitués aux cortèges, les jeunes avancent en accordéon, encadrés tantôt par les gros-bras improvisés des syndicats lycéens, tantôt par des adultes estampillés Nouveau parti anticapitaliste, Front de gauche ou encore Parti communiste.
En tête de cortège, quelques accrochages éclatent avec les CRS. Aux poubelles renversées et aux jets de bouteilles, répondent des tirs de gaz lacrymogènes. Pas de grosses difficultés pour les forces de l’ordre, mis à part quelques dizaines d’individus prêts à en découdre. «Ceux-là sont sous étroite surveillance par nos services en civil», glisse un responsable du dispositif.
En milieu d’après-midi, une source au cabinet du recteur confie à 20 Minutes: «On est attentifs. Les lycéens peuvent manifester autant qu’ils veulent mais sans exaction. Il ne faut pas de blessé. On ne veut pas de collégiens, trop jeunes.»
«J’ai mal aux jambes»
Garçons et filles s’agglutinent à l’avant pour être spectateurs des projectiles lancés sur les CRS. Quand les uns s’émerveillent devant la tenue des forces de l’ordre – «Je ne savais pas qu’ils avaient des protège-tibias» -, les autres sortent leurs téléphones portables et suivent la manifestation sur Twitter – «Mince, j’ai raté cette bouteille, elle était pleine, c’était trop beau». Quelques-uns se targuent devant leurs camarades d’avoir été «baptisés» aux gaz lacrymogènes.
Tout au long du cortège, les enseignes de restauration rapide se remplissent de manifestants déserteurs. «J’avais trop faim, et j’ai mal aux jambes», s’excuserait presque Jess, dans la file d’attente du Mc Do de République. «Mais promis, après, je rejoins tout le monde en métro».
Place Saint-Augustin, à la dispersion, les manifestants se donnent rendez-vous pour le lendemain. Cette fois-ci, la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (Fidl) lance un appel national. A Paris, ce sera à 13h à Bastille. Mais les profs (FSU) et les étudiants (Unef) se mêleront au cortège.
William Molinié
Source : 20minutes.fr