dimanche 24 novembre 2024 17:30

La Libye face à une "épidémie harraga"

Lundi 12 mai, les forces libyennes ont secouru un groupe de 340 migrants clandestins alors que leur embarcation menaçait de prendre l’eau.

Le bateau a été intercepté vers 6 heures du matin au large de Sabratha et Zuwara, à proximité de la frontière tunisienne, a rapporté l'AFP citant le porte-parole de la Marine, le colonel Ayub Kassem.

Le même jour, au moins 14 migrants ont trouvé la mort dans le naufrage de leur embarcation entre les côtes libyennes et l'Italie. Cette tragédie est la dernière en date de la série qui frappe les candidats à l'immigration en Méditerranée.

Vendredi dernier, les forces libyennes ont arrêté 436 immigrants en provenance de Syrie, d'Erythrée et de Somalie, d'après le porte-parole du ministère de l'Intérieur Rami Kaal. Certains d'entre eux ont été transférés dans un centre de détention à l'ouest de Tripoli.

Magharebia a visité ce camp, dans lequel sont stationnés des membres du Comité opérationnel des révolutionnaires libyens.

Les migrants tentaient de rallier l'Italie en bateau, a expliqué le commandant du camp, Salah Wadi.

"Environ 200 personnes de nationalités différentes se trouvaient à bord. Ceux qui sont ici, dans ce camp, sont des ressortissants érythréens", a-t-il expliqué à Magharebia.

L'un d'un, Abrar Jamal, originaire d'Erythrée, raconte qu'il est arrivé illégalement depuis le Soudan, puis en Libye. "J'ai versé une somme d'argent, je suis allé dans la ville d'Ajdabiya, où je suis resté trois semaines. Ensuite, j'ai versé une somme plus importante pour partir vers l'Italie", explique-t-il.

Son compatriote érythréen Ahmed Hussein explique pour sa part qu'il travaillait au Soudan pour venir en aide à sa famille. Il ajoute que s'il devait retourner dans son pays, il s'y ferait tuer, parce que "le gouvernement tue tous ceux qui veulent rentrer".

La société civile libyenne entre en action

Dans un contexte de crise croissante de l'immigration, les associations de la société civile libyenne cherchent à faire leur part du travail pour atténuer ces souffrances.

"La Libye est un pays de transit dans lequel les migrants se rassemblent pour préparer leur périple en direction du nord, en Méditerranée, en particulier vers l'Italie et Malte", a expliqué le secrétaire général de la branche libyenne de l'Organisation arabe des droits de l'Homme lors d'un séminaire organisé à Beyrouth le mois dernier.

Et Abdel Moneim al-Horr ajoute que la Libye dispose dorénavant de dix-neuf centres d'accueil, dont deux réservés aux femmes.

"Ces centres abritent environ 6 000 immigrants et le gouvernement libyen dépense 180 000 dinars chaque jour, sans parler des autres répercussions sur les plans sécuritaire, sanitaire et économique", relève-t-il.

Plusieurs questions liées à l'immigration ont été abordées lors de ce colloque à Beyrouth, des obligations des pays et de leurs responsabilités envers les réfugiés jusqu'aux formes adoptées par la discrimination raciale.

"En tant que jeunes organisations de la société civile libyenne, nous avons besoin d'en savoir davantage sur les questions liées à l'immigration et sur la manière de les aborder conformément au droit international en matière humanitaire et aux législations locales", précise Adel al-Fitouri, directeur exécutif du groupe Horiyat pour le développement et les droits de l'Homme et directeur régional du Centre d'étude pour la paix et la résolution de conflits, basé à Berlin.

14/05/2014, Essam Mohamed

Source : magharebia.com

 

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