La migration doit être traitée d'une manière "différente" et doit être vue comme l'un des facteurs qui "apporte un plus aux sociétés", a affirmé mardi à Rabat, le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger et des affaires de la migration, Anis Birou.
M. Birou qui intervenait à l'ouverture d'un colloque international sur "l'avenir des migrations transméditerranéennes au delà des crises", a souligné que "la migration est un phénomène tout à fait normal dans l'évolution de l'humanité et que les réponses qu'il va falloir apporter à cette question sont d'abord humaines, et doivent être différentes".
Il a relevé que le Maroc a pris conscience de cette évidence à travers l'adoption d'une nouvelle politique migratoire, initiée par SM le Roi Mohammed VI et fondée sur les recommandations du rapport du Conseil National des Droits Humains (CNDH) pour faire face à une réalité de plus en plus présente au Maroc, devenu au fil des années une terre d'accueil.
Il a indiqué à ce propos que cette politique migratoire marocaine se veut une réponse "concrète, différente et courageuse" au problème que pose la migration clandestine avec ses lots de drame pour la région, sans manquer de rappeler l'opération de régularisation de la situation des immigrés qui se poursuivra jusqu'au 31 décembre prochain.
Plus de 15.000 dossiers ont été déposés et des milliers de cartes ont été déjà délivrées, jusqu'à la date d'aujourd'hui, a fait savoir le ministre.
Le ministre a appelé, dans ce cadre, à jeter un autre regard sur la migration. "Il faut considérer la migration comme l'une des solutions possibles pour sortir de la crise mondiale", a estimé M. Birou qui s'est réjoui de l'exemple du Maroc qui a su comprendre que la migration est "une solution et non un problème".
"Il n'est nullement prouvé que la migration ait des impacts négatifs sur l'économie, le marché du travail ou le budget des pays d'accueil", a-t-il martelé, avant d'arguer que la crise actuelle a altéré la dynamique des échanges et de l'investissement à l'échelle mondiale, y compris entre le Maroc et ses voisins européens.
Pour sa part, Mme Anke Strauss, Chef de Mission de l'Organisation des Migrations internationales au Maroc (OIM), a salué l'initiative marocaine en matière de régularisation de la situation des immigrés, la qualifiant d'"excellente", d'une "extrême importance" et pouvant servir d'exemple pour les pays du Sud.
La crise a une immense influence sur la politique en général et sur la migration en particulier, a estimé Mme Anke Strauss qui a émis le souhait de voir s'améliorer la situation des migrants, notamment dans des pays qui ont pu rétablir leurs situations économiques.
Dans de telles conjonctures économiques, a-t-elle poursuivi, les migrants sont doublement sévis et sont parfois confrontés, dans les pays d'accueil, à des situations économiquement et socialement plus délicates.
De son côté, l'ambassadeur, Directeur Général des Sénégalais de l'extérieur au ministère des Affaires étrangères du Sénégal, a relevé que la migration touche principalement les jeunes, rappelant qu'il existe plus de 232 millions de migrants internationaux, dont 12 pc sont des jeunes, citant quelques expériences initiées par différents pays pour surmonter la problématique de la migration dans des situations économiques difficiles.
Des communications seront présentées au cours de ce colloque, de deux jours, autour des tendances récentes de l'émigration suite à la crise économique mondiale et aux Printemps arabes (Emigrations Sud-Nord, Nord-Sud et Sud-Sud), ainsi que des perspectives des migrations transméditerranéennes.
La "culture migratoire" des étudiants marocains fera également l'objet de communications lors de ce colloque.
D'après la plupart des observateurs, le Royaume compte jusqu'à février 2014 entre 20.000 et 40.000 étrangers originaires d'Afrique et d'Asie auxquels sont venus s'ajouter depuis 2008 des Européens.
20 mai 2014
Source : MAP