De pays de transit, le royaume est en train de devenir un pays où les immigrés s’installent durablement. Mais les structures d’accueil et d’insertion font encore défaut, en dépit des récentes avancées.
La question de la migration subsaharienne au Maroc s’est invitée au débat du colloque international sur l’avenir des migrations transméditerranéennes organisé ce mardi 20 mai par l’Association migration internationale. La problématique a été passée à la loupe à travers plusieurs grilles d’analyse qui montrent la complexité du phénomène.
Les différentes études réalisées sur les mouvements des populations confirment que le Maroc n’est plus exclusivement un pays de transit, mais se transforme, petit à petit, en pays d’immigration. Cette nouvelle donne impose la mise en place d’outils favorisant l’intégration de cette partie de la population, à commencer par l’insertion.
Des mesures ont été engagées, notamment l’adoption d’une circulaire au niveau du ministère de l’éducation nationale, qui permet aux enfants de familles d’immigrés d’intégrer l’école publique marocaine, ou encore la campagne de régularisation des ressortissants étrangers résidant au Maroc de manière irrégulière.
Ces campagnes d’insertion ont un impact sur les rapports existants entre le Maroc en tant que pays de destination et les pays d’origine des migrants.
Toutefois, les quelques mesures adoptées dans ce sens ne suffisent pas à créer une réelle intégration des communautés subsahariennes dans le tissu social et économique marocain. En effet, malgré l’implication des migrants dans la communauté marocaine, ils font l’objet d’un rejet très fort dès lors qu’il s’agit de la sphère privée, et les comportements discriminatoires sont nombreux quand il s’agit de logement ou de mariage.
Ce rejet crée l’émergence de phénomènes sociaux nouveaux au Maroc, avec «des cultures hybrides, basées sur la solidarité entre ressortissants d’Afrique subsaharienne» observe la chercheuse Houria Alami Mchichi.
La combinaison de tous ces éléments conduira le Maroc et ses partenaires africains à élaborer des plans d’aide au développement des différentes diasporas résidantes au royaume.
Jean-Baptiste Meyer, chercheur à l’Institut de recherches démographiques de Montpellier, attire l’attention sur la particularité de la communauté diasporique : «Il faut distinguer entre les citoyens résidents dans leur propre Etat, et la diaspora qui est, par essence, transnationale. L’implication des Etats d’origine envers leurs diasporas devra se faire en prenant en compte la particularité de la population visée. Car les études ont montré que les implications fortes et non nuancée des Etats d’origine dans la vie de leurs diasporas sont caduques.»
21/5/2014, Amine Belghazi
Source : medias24