Le Premier ministre britannique David Cameron a demandé mardi en Suède de mettre les "abus de la liberté de circulation" à l'ordre du jour de l'Union européenne, dans un contexte d'hostilité à l'immigration chez les électeurs.
"Nous sommes convenus que nous devions travailler ensemble pour combattre les excès de la liberté de mouvement", a déclaré M. Cameron lors d'une conférence de presse commune avec la chancelière allemande Angela Merkel et les Premiers ministres suédois Fredrik Reinfeldt et néerlandais Mark Rutte.
"Il est exact que nous devons être libres de voyager dans toute l'Europe pour travailler, mais pas que nous devons être libres de profiter indûment des systèmes de protection sociale", a-t-il souligné.
Il n'a toutefois pas précisé quelle forme cette coopération pourrait prendre, ni quels étaient les abus visés, ni qui en profitait "indûment".
De même, il reste à savoir si d'autres chefs de gouvernement seront tentés de discuter cette question lors des prochains sommets européens, à commencer par celui de Bruxelles les 26 et 27 juin.
La campagne des élections européennes au Royaume-Uni a été dominée par la question des droits des travailleurs venus des pays les plus pauvres de l'Union européenne, en particulier la Roumanie et la Bulgarie, et abouti à la victoire d'un parti favorable à la sortie du pays de l'UE, Ukip.
"Nous pensons (...) que l'UE doit changer en réponse aux inquiétudes des électeurs", a ajouté le Britannique.
Le Premier ministre néerlandais, M. Rutte, a fait une déclaration similaire. "Afin de préserver la liberté de mouvement nous avons besoin d'équité sur le marché du travail. Cela signifie de s'attaquer aux abus qui la menacent", a-t-il acquiescé.
"Nous sommes pour la liberté de circulation mais nous voulons tout faire pour empêcher qu'on en abuse. Et de ce point de vue la Grande-Bretagne, l'Allemagne et d'autres pays vont dans la même direction", a déclaré pour sa part Mme Merkel.
la libre circulation "indispensable" à l'UE
L'hôte suédois, Fredrik Reinfeldt, n'a pas évoqué ce sujet en conférence de presse, mais devant la presse suédoise à l'issue de celle-ci, et s'est montré critique.
Interrogé sur la liberté de circulation, il a répondu: "La position de base de la Suède est que c'est vraiment une bonne chose, et que c'est une partie indispensable des fondements de l'Union européenne".
À la tête d'un gouvernement de centre-droit libéral sur les questions économiques, il est un chaud partisan de la libre circulation au sein de l'UE et du libre-échange entre l'UE et ses partenaires commerciaux. Il a maintes fois souligné l'apport de l'immigration à l'économie et à la société suédoises.
En mars 2013, il avait critiqué l'annonce par M. Cameron de restrictions aux droits sociaux des immigrés en Grande-Bretagne. "Nous n'avons pas connu ce grand tourisme de la protection sociale dont on nous menaçait", avait-il ajouté, en référence à la liberté de circulation accordée aux Roumains et Bulgares.
Une autre divergence entre les quatre participants à la réunion de Harpsund a concerné le nom du futur président de la Commission européenne.
Mme Merkel a réitéré son soutien au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, que M. Cameron refuse catégoriquement, étant allé selon le magazine allemand Spiegel jusqu'à menacer de quitter l'UE à cause de cette question.
"J'ai dit que Juncker était mon candidat pour la présidence de la Commission, que je souhaite qu'il soit le président. Je l'ai dit en Allemagne, je le répète", a déclaré la chancelière.
M. Cameron a redit qu'il n'appréciait pas la procédure qui attribue au Parlement européen l'élection du président de la Commission.
"Les règles de l'Union européenne sont que le Conseil européen, qui regroupe les dirigeants élus, doit se rassembler et recommander un candidat. Et je ne pense pas que cette procédure devrait être modifiée", a-t-il rappelé.
10 juin 2014
Source : AFP