Entre la politique et les Marocains de Belgique, qui commémorent cette année un demi-siècle de présence sur le plat pays, c'est une vielle histoire d'engagement et de militantisme citoyen. Les élections régionales, fédérales et européennes du 25 mai dernier ont bien confirmé, de la meilleure des manières, cette présence de plus en plus visible sur l'échiquier politique belge.
Sous différentes bannières et couleurs politiques, ils étaient nombreux à briguer les suffrages des électeurs à Bruxelles, en Wallonie et, un peu moins en Flandre lors de ce triple scrutin, le premier du genre depuis 1999.
De par leurs profils, leurs trajectoires professionnelles et leurs engagements politiques, ils constituent une véritable mosaïque dans une Belgique de plus en plus plurielle et multiculturelle.
De cette participation significative, le Premier ministre sortant Elio Di Rupo ne pouvait que s'en réjouir. "De nombreux Belges d'origine marocaine étaient candidats à ce scrutin. Ils ont animé pleinement la campagne électorale et le débat démocratique, et au sein de ma formation politique (Parti Socialiste) plusieurs d'entre eux assument d'importantes responsabilités", a-t-il déclaré à la MAP.
Aujourd'hui, les Belges d'origine marocaine participent pleinement à la vie politique, économique, sociale et culturelle du pays et leurs réussites sont de plus en plus nombreuses et visibles, dans tous les domaines, s'enorgueillit-il.
Sur les notes de la même partition, bon nombre de leaders politiques belges ne cachent pas leur fierté de voir les membres de la communauté marocaine investir les différents segments du pouvoir tant législatif qu'exécutif.
Longtemps considérés comme simple force de travail, ils sont désormais de réels faiseurs de politiques publiques. Aujourd'hui, il n'y a pratiquement aucun conseil communal sur les 19 que compte la capitale où les Marocains ne sont pas représentés. Au terme des dernières élections communales de 2012, ils étaient 130 candidats d'origine marocaine à être élus en Wallonie et à Bruxelles.
Leur nombre a également progressé au Parlement bruxellois, dont le belgo-marocain Hamza Fassi Fihri assure la présidence depuis avril 2012. Il a en effet quadruplé en l'espace de 20 ans, passant de trois en 1995 à 12 en 2014.
Et leur présence aux autres assemblées élues belges s'est également renforcée au fil des législatures pour atteindre à l'issu du scrutin du 25 mai, quatre à la Chambre basse, trois à l'hémicycle flamand et deux au Parlement wallon.
En cette percée notoire dans la vie politique belge, analystes et observateurs locaux voient une preuve de l'intégration des belges d'origine marocaine, mais également une expression d'une maturité politique de la communauté marocaine de Belgique.
Cette présence croissante des politiciens issus de l'immigration marocaine vaut également pour le pouvoir exécutif. Après Anissa Temsamani, première marocaine à accéder au gouvernement fédéral en 2003 en occupant à l'âge de 37 ans le poste de secrétaire d'Etat du travail et des pensions, d'autres belgo-marocains se sont vus confier des portefeuilles ministériels, à l'instar de Fadila Laanan en charge de la culture depuis 2004 au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de Rachid Madrane, qui occupe depuis 2012 le poste de secrétaire d'Etat chargé de l'urbanisme au sein du gouvernement bruxellois.
D'aucuns voient que si les Marocains ont été nombreux à s'engager dans la vie politique et associative, c'est justement pour prendre à bras le corps un certain nombre de problèmes dont fait face une grande partie de la communauté marocaine en Belgique et qui sont liés notamment à la pauvreté, au chômage et à la religion.
Et c'est grâce à cet engagement actif qu'ils ont pu contribuer à inscrire dans les politiques publiques belges le refus de toute forme de racisme et de xénophobie, la promotion de l'égalité des droits et de l'égalité des chances et le respect égal envers toutes les religions.
Les 21 élus d'origine marocaine issus du méga-scrutin du 25 mai devraient indubitablement poursuivre le combat de leurs aïeuls, même si leur action politique ne s'adresse pas uniquement aux belgo-marocains, mais à tous les Belges, de quelque origine soient-ils.
Eux qui déclarent avoir une sensibilité particulière aux problèmes des Marocains et donc être plus habilités à y apporter les solutions adéquates, auront certainement du pain sur la planche. Car loin de l'idéal défendu par les textes de lois, en pratique les Belges issus de l'immigration marocaine subissent encore trop souvent, selon les termes des politiques belges eux-mêmes, "le rejet, le racisme ou les discriminations" dans de nombreux domaines cruciaux tels l'emploi et le logement.
10 juin 2014, Mohammed HAMIDDOUCHE
Source : MAP