Les pistes d'une gouvernance globale de la migration, à la lumière du changement opéré au Maroc, ont été au centre d'un panel organisé, mercredi à Genève, en marge de la 26e session du Conseil des droits de l'Homme (CDH).
Lors de ce débat, le cas du Maroc en matière de gestion des flux migratoires a été abordé comme étant l'aboutissement d'une prise de conscience de la dimension des droits de l'Homme, un processus qui a favorisé un véritable changement.
"Il y a eu une profonde prise de conscience de la nécessité d'un dialogue sain et responsable sur la question de la migration", a estimé le directeur du Centre des migrations globales, Vincent Chetail qui qualifie de "courageuse" l'initiative lancée sous l'impulsion de SM le Roi pour une gouvernance des flux migratoires.
L'expert dit avoir trouvé "sereine la démarche marocaine" qui a consisté à faire appel à des experts nationaux et internationaux pour débattre des stratégies à mettre en œuvre en la matière.
Il n'empêche que le Royaume s'engage non seulement pour un traitement à visage humain des migrants, mais aussi pour une lutte continue contre les réseaux de traite et d'immigration illégale, a souligné de son côté la députée Mme Khadija Rouissi.
La parlementaire marocaine a, dans ce sens, expliqué que 2.702 réseaux de traite et de trafic illicite d'êtres humains ont été démantelés au Maroc durant la période allant de 2004 à 2011.
Elle a déploré que le droit international ne compte qu'une seule convention pour la protection des droits des seuls travailleurs migrants, lequel instrument n'a été malheureusement ratifié que par 47 pays, dont le Maroc.
Dans le même esprit, a-t-elle relevé, le parlement marocain se penche sur deux projets de loi importants, l'un sur la lutte contre la traite des êtres humains et l'autre sur la migration.
Pour Mme Hasna Boujerfaoui, membre du Comité international pour le respect et l'application de la charte africaine des droits de l'Homme et des peuples (CIRAC), l'initiative migratoire du Royaume est intervenue à un moment crucial pour répondre aux logiques d'exclusion et d'oppression qui prévalent dans le monde d'aujourd'hui.
Le Maroc s'est lancé dans une dynamique protectrice pour les personnes issues de la migration et susceptible d'en finir avec tout acte inhumain vis-à-vis des femmes et des enfants. "En même temps, a-t-elle noté, certains pays voisins continuent de renvoyer régulièrement les migrants comme si leur sort ne les concerne pas".
Le rapporteur spécial sur les droits de l'Homme des migrants, François Crépeau a de son côté déploré "le manque de transparence dans la gestion des flux migratoires dans le monde", une situation qui favorise, selon lui, les réseaux d'immigration illégale et les cartels de la mafia.
"Il est temps de passer d'une politique de tolérance zéro à une meilleure intégration des migrants tout en faisant plus pour connaître leurs besoins et ouvrir des canaux réguliers de migration", a-t-il soutenu.
"Or en l'état actuel des choses, les migrants ne sont pas représentés même dans les démocraties traditionnelles à un moment où les populistes tentent de détourner le débat vers des questions moins importantes", a regretté l'expert international.
Les panelistes ont appelé les Etats à promouvoir le débat sur la protection et la situation des migrants dans le cadre d'un processus de dialogue sous la houlette de l'ONU, de sorte à ce que le discours en la matière soit axé d'abord sur la diversité, la cohabitation et l'échange interculturel.
11 juin 2014
Source : MAP