jeudi 4 juillet 2024 20:16

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Mondial-2014 - Au Maroc, loin des yeux, près du coeur pour des migrants

"C'est dur d'être loin du pays mais on supporte quand même la patrie": du Maroc, où se trouvent des milliers de migrants, des Ivoiriens ont poussé en vain, jeudi, les Eléphants dans leur 2e match du Mondial-2014 face à la Colombie (1-2).

Longtemps simple pays de transit, le Maroc, situé aux portes de l'Europe, est de plus en plus considéré comme pays d'accueil. Il compterait actuellement quelque 30.000 migrants sur son sol, pour la plupart originaires d'Afrique subsaharienne.

Nombre d'entre eux vivent à Rabat, où se trouvent des associations d'aide aux migrants parmi lesquelles la Fondation Orient-Occident, dans le quartier "G5".

En cet après-midi de semaine, l'ambiance y est plutôt calme, même si un festival Rabat-Africa vient de débuter. A quelques pas, l'atmosphère monte en revanche d'un cran, à l'approche du coup d'envoi de Côte d'Ivoire-Colombie, 2e match des Eléphants dans ce Mondial brésilien après la victoire inaugurale (2-1) face au Japon.

Ils sont une quinzaine à s'être donné rendez-vous dans un café pour l'occasion, une initiative rare.

"On n'a pas l'habitude de faire ça, par rapport au travail, au manque de moyens. Et puis on habite souvent dans des quartiers différents. Là on a voulu se regrouper pour être +en famille+", explique à l'AFP Féco, 20 ans.

Dans un premier temps, la prise de contact s'avère délicate: la plupart ne dispose pas encore de papiers au Maroc, où les autorités ont lancé fin 2013 une opération de régularisation. A fin mai, quelque 15.000 dossiers avaient été déposés, mais moins du tiers des démarches avaient alors abouti.

Après une demi-heure difficile sur le terrain, la Côte d'Ivoire semble prendre l'ascendant, et certains se dérident.

"Ca va faire une victoire, pourvu que les joueurs se donnent!", s'exclame Darius, la vingtaine, qui possède "le statut de réfugié".

"Ca n'est pas encore stable pour moi ici. Je travaille dans une cordonnerie", précise toutefois le jeune homme, originaire de Lakota (ouest).

 "Beaucoup de rancune"

Venu au Maroc "il y a deux ans à cause de la situation dans (son) pays", il assure ne pas avoir l'intention de rentrer, malgré l'apaisement à Abidjan. "Il y a encore beaucoup de rancune là-bas, avance-t-il. La sélection, par contre, tout le monde la soutient!"

"C'est très dur d'être loin du pays, mais on supporte quand même la patrie", résume Konate, 18 ans. "On n'est pas en Côte d'Ivoire mais on est fiers d'être Ivoiriens", renchérit Féco, "venu (au Maroc) pour jouer au foot".

"Mais c'est pas facile. Ils me demandent des papiers que je ne peux pas fournir. Ca fait un an et six mois", poursuit-il, maillot orange des Eléphants sur le dos.

Un peu à l'écart, Arnold et Fabrice, "17 ans", semblent moins concernés, et pour cause: ils sont tous deux Camerounais, l'un de Douala, l'autre de Yaoundé.

"Le Cameroun est rentré, ça y est! Trop sûrs d'eux. Maintenant on soutient les Ivoiriens parce que ce sont nos frères", indique Arnold.

Au Maroc depuis huit mois, il n'a "ni travail ni papiers". "Si ça finit par marcher on va rester, sinon on partira", souffle-t-il.

A l'écran, la rentrée de Didier Drogba, à l'heure de jeu, déclenche un tonnerre d'applaudissements. Mais l'ex-attaquant vedette de Chelsea oublie le marquage sur un corner (0-1). Puis une seconde douche froide s'abat lorsque la Colombie double le score.

A un quart d'heure du terme, Gervinho redonne espoir au groupe, en transe, sous le regard interloqué des passants.

Mais la Côte d'Ivoire finit par s'incliner et jouera sa qualification lors du 3e match de poule face à la Grèce.
"On a un problème d'attaque, il nous manque un vrai buteur", grimace Konaté. "Mais tant que la Côte d'Ivoire joue, on va venir. Même si on n'a que cinq francs, on va venir", promet-il.

19 juin 2014, Guillaume KLEIN

Source : AFP

 

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