La Thaïlande, le Venezuela et la Malaisie ne font pas assez d’effort pour lutter contre le traite d’êtres humains. C’est ce que souligne un rapport américain, paru le 20 juin 2014. Les trois pays ont été relégués au bas du classement mondial dressé chaque année par le département d’Etat. Des pouvoirs mis à l’index qui n’ont pas manqué de réagir.
La traite des êtres humains génère chaque année 150 milliards de dollars de bénéfices, estime l’Organisation internationale du travail et concerne des dizaines de millions de personnes.
«Nous avons chacun la responsabilité de faire de ce crime atroce et trop commun quelque chose qui le soit beaucoup moins», écrit le secrétaire d'Etat John Kerry dans le rapport 2014 du département d’Etat. L’administration Obama se veut en première ligne dans la défense des droits de l’Homme.
Trois pays montrés du doigt : Malaisie, Thaïlande et Venezuela
«Niveau 3». Dans le classement de Washington, c’est la catégorie qui réunit les «pays dont les gouvernements n’atteignent pas les exigences minimales» en termes de lutte contre le trafic d’êtres humains. Il est jugé qu’ils « ne font pas d’efforts significatifs pour y parvenir».
Deux puissances d’Asie du sud-est viennent d’y faire leur sombre entrée : la Malaisie et la Thaïlande.
Cette dernière compte des dizaines de milliers de victimes d’esclavage moderne. Des immigrés des pays voisins, «forcés, contraints ou escroqués pour travailler ou pour être exploités dans l'industrie du sexe», dénonce le rapport, bouclé avant le coup d'Etat de la fin mai dans le royaume.
En avril, le pays avait pourtant remis au département d'Etat américain un rapport, soulignant ses efforts pour lutter contre le trafic d’êtres humains. La justice thaïlandaise avait condamné 225 personnes pour ce crime en 2013, contre 49 en 2012, mais ces efforts ont été jugés insuffisants.
Du côté de la Malaisie, de nombreuses sociétés malaisiennes de recrutement sont pointés du doigt. Celles-ci engagent des travailleurs extrêmement endettés auprès de trafiquants. Souvent, ces personnes se retrouvent dans des fermes, sur des bateaux de pêche ou dans la prostitution.
Le Venezuela, en mauvais termes avec les Etats-Unis, est lui tombé en bas de classification car il n’a pas de «programme écrit» de lutte contre la traite humaine. «A bien des égards, il semble que toute l'attention aux victimes est fourni par les Organisations non gouvernementales et les organisations internationales», a déclaré Luis CdeBaca, le directeur du bureau au département d'Etat chargé de combattre la traite humaine.
Toujours selon la diplomatie américaine, des femmes vénézuéliennes sont conduites de force dans des iles de Caraïbes pour s’y prostituer. L’esclavage touche également les enfants qui sont parfois employés comme domestiques.
Les pays rétrogradés menacés de sanctions
En théorie, ce rapport assassin peut déclencher des sanctions américaines contre les Etats épinglés. La classification est en effet réalisée en fonction des critères présents dans le Trafficking Victims Protection Act de 2005 (Loi de 2005 sur la protection des victimes de traite des personnes).
«En vertu de cette loi, l’administration américaine est susceptible d’adopter des sanctions à l’encontre des pays classés dans cette catégorie. Ces mesures peuvent aller de l’interruption de programmes d’échanges culturels et scolaires à la suspension de l’assistance militaire, en passant par le retrait du soutien américain à la Banque mondiale ou au Fonds monétaire international pour l’octroi de prêts», explique le site affaires-strategiques.info.
Mais des responsables américains ont admis que le président Barack Obama n’avait rien fait l'an passé contre la Chine et la Russie. Les deux puissances avaient été réprimandées dans le rapport 2013 du département d'Etat, provoquant la fureur de Moscou et de Pékin contre Washington.
Les accusations américaines ne passent pas
La Malaisie, qui se trouve désormais en queue de peloton aux côtés de la Gambie, du Yémen ou de Cuba, a pris «des mesures substantielles au cours des deux dernières années pour améliorer la situation liée au trafic d’être humains et à l’immigration clandestine», a tenu à dire le ministère malaisien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Selon le journal Granma (organe officiel du comité central du parti communiste de Cuba), «ce type d'exercice, par lequel Washington s'arroge le droit illégitime d’évaluer le comportement des autres, est politiquement motivé. Mais il a également des conséquences directes».
15 pays remontent le classement
Au final, sur les 188 pays scrutés à la loupe, une quinzaine ont été rétrogradés. Autant sont au contraire remontés dans la hiérarchie pour leurs efforts. Le Chili et la Suisse ont par exemple rejoint les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou la France en haut de classement.
25/06/2014,Khadija Ben Hayyan
Source : geopolis