jeudi 4 juillet 2024 18:18

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La politique européenne d’externalisation de l'accueil des demandeurs d'asile remise sur le métier

Les demandes d’asile auprès des pays européens seront-elles prochainement traitées dans les pays de transit dont le Maroc ? C’est ce que, d’ailleurs, souhaite Stefano Sannino, ambassadeur italien auprès de l'UE, dont le pays vient d’assurer la présidence du Conseil de l'UE. Dans une interview accordée au site euractiv.fr, il a déclaré qu’il serait préférable d'envoyer les demandes d'asile dans les pays de transit si l’UE peut conclure des accords.

Le représentant permanent de l'Union européenne depuis juillet 2013 estime que les pays membres de l’UE sont appelés à «mettre en place un nouveau type de coopération avec les pays tiers», notamment avec certains pays ciblés, certaines institutions ou certaines agences des Nations unies. 

L'UE doit également, selon Stefano Sannino, coopérer avec les pays tiers là où il y a une forte présence de migrants, comme au Maroc ou en Tunisie ou avec des organisations régionales, le cas échant.

Va-t-on donc vers une externalisation de l’asile ? En effet, l’idée n’a rien de nouveau. La délocalisation de l'accueil et de l'hébergement des demandeurs d'asile, ainsi que le traitement de leurs demandes d'asile, dans des lieux situés à proximité des frontières de l'UE, ou dans des pays, situés hors de l'UE, dont les demandeurs sont originaires ou par lesquels ils transitent ne date pas d’aujourd’hui. Le concept a émergé dans les années 1997-2001 avant sa mise en place en 2004.

Un schéma qui a déjà trouvé son application au Maroc depuis les années 1990 avant un élargissement de ce concept à d'autres pays d'Afrique. Le pays a connu l’installation de plusieurs camps informels souvent vides puisque nombreux sont les exilés qui préfèrent s’évaporer dans la nature au lieu de subir un sort incertain dans ces campements. 

Pourtant, c’est à partir de novembre 2004 et grâce à des financements de l'Union européenne, que le HCR a mis en œuvre la politique d'’externalisation de l’asile en relançant ses activités dans de nouveaux locaux à Rabat afin d’enregistrer des demandes d’asile. Demandes qui vont passer de quelques centaines à plusieurs milliers chaque année. 

Or, il semble que cette politique n’est pas payante.  Un grand nombre de prétendants à l’asile au Maroc cherchent d’abord le document du HCR comme protection en attendant de passer vers l’Europe où ils cherchent plutôt à s’installer. 

Pour certains observateurs, l’actualisation de l’idée de l’externalisation de l'asile aura des conséquences importantes sur le Maroc qui sera inévitablement appelé à supporter le fardeau de la protection et de l'aide aux réfugiés et demandeurs d'asile. Une tâche des plus dures à assumer puisque le pays manque de moyens pour assurer cette mission. Un déficit qui aura pour conséquence une politique restrictive aboutissant à des refoulements de réfugiés auxquels l'asile aurait dû être accordé.

Mais, il n’y a pas que le volet matériel qui pose problème, celui de droit des réfugiés l’est également. La délocalisation de l’asile garantira un système de protection de ces réfugiés contre les pratiques inhumaines et qui échappent à tout contrôle. 

Les observateurs se demandent aussi quels seront les voies de recours possibles pour ces réfugiés parqués dans des camps ignorés du public et, de surcroît, situés en pays étrangers parfois peu respectueux des droits de l’Homme. 

8 Juillet 2014, Hassan Bentaleb

Source : Libération

 

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