mardi 5 novembre 2024 21:52

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La Californie au cœur du débat houleux autour de la réforme du système de l'immigration

Le débat sur la réforme du système de l'immigration fait rage en Californie, destination bien indiquée pour un éventuel transfert de migrants illégaux d'origine hispanique qui ne trouvent plus de places dans les centres de rétention de l'Etat de Texas.

La décision de transférer vers Californie une partie de ces clandestins a mis cet Etat de l'ouest américain en effervescence, tout particulièrement sa petite ville de Murrieta.

Depuis une semaine, cette ville du sud est profondément divisée sur la question de l'immigration, comme en témoignent les manifestations quasiment quotidiennes qui ne cessent de raviver la controverse sur la réforme de la loi migratoire, l'un des chantiers majeurs du président Barack Obama qui s'érige également en véritable pomme de discorde entre les républicains et les démocrates.
Au milieu du tollé suscité par la vague sans précédent d'immigrés illégaux qui s'abat sur le Texas, les manifestants anti-immigration en Californie gagnent de plus en plus du terrain et accentuent leur mobilisation en vue d'empêcher "un flot de clandestins avec son corolaire de délinquance". Ils sont déjà parvenus à amener, au début de la semaine dernière, trois bus transportant plus de 100 femmes et enfants à rebrousser chemin vers l'Etat de Texas.

Il y a deux semaines, le gouvernement fédéral avait été contraint d'annuler un projet de transfert d'immigrés illégaux du Texas vers la Californie, cédant ainsi aux pressions de la population de l'Etat de la côte ouest des Etats-Unis.

Dans ce contexte, les manifestants critiquent l'administration Obama pour son incapacité à protéger les frontières, avançant, dans leur rejet des sans-papiers, des considérations liées à la sécurité et à la santé publique.

Sur le plan politique, le maire de la ville de Murrieta, Alan Long partage l'avis des manifestants en estimant que "l'arrivée massive d'immigrés clandestins signifie l'échec de la politique migratoire fédérale".
Les républicains de la Californie sont également montés au créneau en reprochant au président Obama et au gouverneur de l'Etat Jerry Brown le manque de leadership sur cette question.

Dans le camp adverse, des centaines de personnes ont organisé des contre-manifestations pour exprimer leur soutien aux immigrés en détresse pour des raisons humanitaires.

Ils donnent raison à ces clandestins qui ne sont, à leurs yeux, ni des criminels ni des intrus, affirmant qu'ils ont été amenés à fuir la misère et la violence sévissant dans leurs pays, en particulier le Salvador, le Honduras et le Guatemala.

Signe de l'ampleur qui ne cesse de prendre l'afflux des migrants, plus de 57.000 mineurs non accompagnés sont entrés au territoire américain depuis le mois d'octobre, selon les autorités, un chiffre deux fois plus qu'en 2013.

Une pomme de discorde

Le président Obama n'a cessé de prôner la réforme d'un système d'immigration qu'il qualifie de "caduc", plaçant cette réforme au cœur des chantiers phares de son deuxième mandat.

"Nous devons revoir notre système de l'immigration et adopter une réforme de bon sens", avait-il déclaré.
Pourtant, les républicains, qui mettent ce fléau sur le compte de la décision prise par Obama en 2012 de ne pas renvoyer les enfants clandestins pendant un certain temps, sauf s'ils sont d'origine mexicaine, refusent toujours de s'investir dans ce chantier.

Leur attitude s'explique en partie par des calculs politiques à l'approche des élections de mi-mandat prévues en novembre prochain, alors qu'ils sont en quête de dominer le Sénat.

Un projet de loi portant sur la réforme escomptée prévoit notamment un accès plus facile à la nationalité pour les enfants sans-papiers, contre un renforcement du contrôle de la frontière avec le Mexique.
Au milieu des critiques qui fusent de toute part sur fond de cette nouvelle crise qui met son administration dans une mauvaise posture, le locataire de la Maison Blanche a demandé au Congrès, mardi, une enveloppe d'urgence de 3,7 milliards de dollars pour répondre à cette "situation humanitaire d'urgence".

Les crédits demandés seront notamment destinés à accélérer les expulsions. Néanmoins, de l'aveu même du secrétaire américain à la sécurité intérieure, Jeh Johnson, une telle procédure pose "un dilemme juridique et humanitaire" pour les Etats-Unis.

La crise humanitaire et politique créée dans le sillage de l'arrivée massive des immigrés illégaux risque donc de s'approfondir davantage faute d'un terrain d'entente entre les deux camps sur cette question tout comme sur d'autres dossiers épineux toujours en suspens.

11 juil 2014, Abdelhakim Khirane

Source : MAP

 

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