"Donner la priorité aux Britanniques."  Voilà l’objectif des mesures annoncées par David Cameron pour réduire l’immigration légale aussi bien qu’illégale. A l’approche des élections de 2015, cette annonce est vue comme une tentative de courtiser les électeurs qui ont déserté le parti du Premier ministre pour rejoindre le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (Ukip), réputé pour son programme anti-immigration.

Parmi les mesures annoncées, le gouvernement souhaite réduire à trois mois (contre six mois actuellement) les allocations sociales accordées aux immigrés, "afin d’agir contre les abus du système social britannique" . Mais selon Robert Szaniawski, porte-parole de l’ambassade de Pologne à Londres, "les Polonais, qui constituent une des plus importantes communautés d’immigrants au Royaume-Uni, ne viennent pas ici pour les aides sociales. Et si certains en bénéficient, c’est parce qu’ils ont perdu leur emploi, donc pour des raisons légitimes. J’insiste sur le fait que les Polonais bénéficient à l’économie britannique plus qu’ils ne coûtent. Et, pour la Pologne, c’est une tragédie économique de perdre autant de citoyens qualifiés".

L’immigration comme principale inquiétude

L’immigration est le sujet principal d’inquiétude de 41 % des Britanniques (selon l’institut de sondage Ipsos Mori). Cette crise d’angoisse s’est accentuée notamment depuis le 1er janvier de cette année, lorsque Roumains et Bulgares ont obtenu un accès libre au marché du travail de l’Union européenne. Dans ce contexte, David Cameron entend également limiter l’affluence des travailleurs immigrés en abaissant à 500 000 le nombre d’annonces du service d’emploi britannique mises en ligne sur le portail européen Eures. Actuellement, ce portail compte plus d’un million de postes à pourvoir en Grande-Bretagne.

"Les Anglais n’accepteraient pas ces conditions"

Cependant, dans les chiffres, aucune vague d’immigration spectaculaire en provenance de Roumanie ou de Bulgarie n’a été remarquée ces derniers mois. Et ceux qui viennent au Royaume-Uni ne bénéficient pas toujours d’un séjour de rêve. "Je gagne environ 250 livres (315 €) par semaine. Le loyer d’un appartement s’élève généralement à 700 livres ou 800 livres (885 € ou 1 010 €) . C’est impossible d’assumer cela tout seul. Surtout parce que beaucoup d’entre nous essaient de mettre de l’argent de côté. Donc, on doit louer un appartement à plusieurs. Dans mon cas, on est trois personnes à habiter dans un flat, à savoir un appartement avec une chambre à coucher et un salon , explique Emil, un Roumain travaillant comme ouvrier outre-Manche . Vous savez, ça me fait rire quand certains disent que les immigrés volent le travail des Anglais. Parce que les Anglais n’accepteraient jamais de travailler dans ces conditions, pour 250 livres par semaine. Je travaille sur le chantier depuis deux mois. A un moment, deux Anglais sont venus faire le même job que moi. Ils ont résisté deux jours."

Quant aux immigrants illégaux, ils seront la cible de plusieurs mesures qui faciliteront notamment leur expulsion. "Si vous venez ici illégalement, il sera plus difficile pour vous d’avoir une maison, une voiture, un travail, un compte bancaire. Et lorsque nous vous trouverons - et nous vous trouverons -, nous nous assurerons que vous serez renvoyés dans votre pays" , a prévenu le Premier ministre britannique.

Reste à voir si ces mesures seront conformes au droit européen. Une telle politique anti-immigration risque effectivement de s’avérer discriminante et d’attirer sur Londres les foudres de l’Union européenne, déjà mal aimée par le peuple de Sa Majesté.

31/07/2014

Source : lalibre.be