mardi 5 novembre 2024 15:24

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France : Immigration : Cazeneuve dénonce la gauche angélique

«On peut brandir les grands principes, mais la France ne peut accueillir tout le monde.» La mise en garde du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, mardi matin dans le journalLibération fait écho à celle d'un certain Michel Rocard en 1989: «Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde.»

Cette année-là, François Mitterrand lui-même avait parlé de «seuil de tolérance» s'agissant de l'immigration. Que pèsent les mots face à l'explosion des flux migratoires ? Vingt-cinq ans plus tard, l'actuel hôte de Beauvau appelle son camp au réalisme. Selon lui, «une gauche de posture manque de maturité et ne raisonne pas en termes d'efficacité».

Au cœur de l'été, Le Figaro avait révélé un rapport de la police aux frontières s'alarmant de l'arrivée de plus de 61.000 migrants irréguliers, érythréens principalement, mais aussi syriens, maliens, soudanais, débarqués en Italie, pour les six premiers mois de l'année. Deux mois plus tard, ce chiffre dépasse les 100.000. Le Haut-Commissariat aux réfugiés déplore même 2000 noyés en huit mois dans les naufrages des boat people en Méditerranée.

Embarcations de fortune

Les forces impliquées dans l'opération de surveillance des côtes Mare Nostrumse sont muées en escadres de sauveteurs en mer avec plus de 63.000 personnes secourues depuis janvier. Du jamais vu depuis le printemps arabe de 2011. Avec un effet pervers: plus les autorités sécurisent les traversées, plus les réseaux de passeurs en profitent pour remplir leurs embarcations de fortune d'hommes, de femmes et d'enfants.

On retrouvera une grande partie de ces migrants à Calais, dernière étape avant la Grande-Bretagne, qui bannit les contrôles d'identité et accorde les aides les plus généreuses de l'Union. Même siDavid Cameron a souhaité durcir sa législation.

Bernard Cazeneuve, pour sa part, a pris son bâton de pèlerin pour «mobiliser» ses homologues européens. Comme, avant lui, Brice Hortefeux, Claude Guéant, Manuel Valls. Défendant un «plan européen sur l'immigration», le ministre français a multiplié les déplacements, ces dix derniers jours, de Rome à Londres, en passant par Barcelone, Berlin et Bruxelles.

Bien sûr, ses partenaires ne l'ont pas attendu pour prendre la mesure du problème. Mais chacun s'accorde sur la nécessité de renforcer les moyens communautaires. L'Allemagne se dit submergée de demandeurs d'asile. L'Italie réclame une solidarité financière des États membres. Un appel d'autant plus vibrant que le budget de l'Agence Frontex, ersatz de police aux frontières communautaires, a été réduit de 115 à 89 millions d'euros par an.

En attendant le «Frontex +» que Paris appelle de ses vœux, Bernard Cazeneuve s'apprête à faire voter en France deux projets de loi. L'un est censé réformer l'asile politique, système promis à l'implosion tant le nombre demandeurs vient nourrir la machine à fabriquer des clandestins, avec 40.000 illégaux qui échappent à tout contrôle chaque année. L'autre porte sur le «droit des étrangers en France». Il vise à rationaliser l'octroi des titres de séjour, en leur accordant une validité plus longue, «pluriannuelle», jusqu'à quatre ans, ou en développant l'immigration choisie. Celle-là même que prônait, en son temps, un certain Nicolas Sarkozy.

Au-delà des mots et des projets, longtemps retardés et susceptibles de vifs débats au sein de la majorité, reste la réalité d'un dossier où les expulsions ont finalement diminué, tandis que les régulations et les naturalisations n'ont cessé de croître. «La méthode Valls, ce sont des actes en contradiction avec le discours», assure Éric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes. Cet élu estime que «sous la gauche, l'appel d'air pour les clandestins s'est amplifié» et que la pression migratoire aux portes de l'Europe est telle que la réforme de l'asile est vouée à l'échec.

2/9/2014,Jean-Marc Leclerc

Source : Le Figaro

 

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