Le think tank américain Pew Research Center a récemment publié une étude mettant en évidence 7 traits majeurs des migrations internationales de 1990 à 2013. Celle-ci rappelle tout d’abord que depuis que les premiers hommes modernes (descendants des Homo Sapiens archaïques), nos ancêtres, ont quitté l’Afrique il y a de cela 60.000 ans au moins, de nombreuses migrations de population eurent lieu, et ce malgré l’affirmation des Etats et leur établissement de frontières.
Selon les chiffres du United Nations Population Division (UNPD), le nombre absolu de migrants internationaux, définis comme toute personne ayant vécu un an ou plus dans un pays autre que celui où elle est née, n’a jamais été aussi élevé. En s’appropriant la carte interactive développée par l’UNPD, le Pew Research Center a relevé 7 faits notables.
1/ Selon l’index Herfindahl-Hirschman, utilisé massivement par les chercheurs en sciences humaines pour mesurer les degrés de concentration des populations humaines, le Royaume-Uni est l’hôte de la communauté de migrants à l’origine la plus diverse. Cela s’explique indéniablement par l’histoire de ce dernier et plus particulièrement de son Empire colonial (qui recouvrit plus d’un quart des terres émergées à son apogée) : des populations provenant de tous les territoires un jour sous la coupe britannique se sont ainsi installées au Royaume-Uni. Les Indiens (760.000), les Irlandais (410.000), les Pakistanais (480.000) et les Bangladais (240.000) forment ainsi 4 des 6 communautés étrangères les plus importantes.
2/ Les pays d’accueil de la population expatriée française (près de 2.1 millions de personnes) sont extrêmement divers : les Français installés à l’étranger vivent ainsi dans plus de pays que les émigrants de toute autre nation. Il y a ainsi plus de 83 pays où l’on peut retrouver une communauté française forte de plus de mille individus. Les destinations les plus prisées des Français sont l’Europe avec l’Espagne (220.000), la Belgique (160.000), la Suisse et l’Italie (toutes deux accueillants 150.000 expatriés français) ainsi que les Etats-Unis (180.000).
3/ Le lien Mexique-Etats-Unis est le canal bilatéral de migrations le plus prisé au monde. Près de 13 millions de Mexicains seraient ainsi installés aux Etats-Unis, qui comptent quant à eux la plus importante population de migrants au monde : près de 46 millions de personnes, nées en dehors des Etats-Unis, seraient ainsi installées sur le sol américain. La Russie compte quant à elle le deuxième plus grand nombre total de résidents nés à l’étranger avec 11 millions d’immigrants devant l’Allemagne (9.9 millions), qui arrive en troisième position.
4/ Le nombre total de personnes d’origine indienne installées à l’étranger ainsi que le nombre de Chinois installés hors de Chine ont doublé dans les deux dernières décennies, passant respectivement de 7 à 14 millions et de 4 à 9 millions. L’Inde compte aujourd’hui la plus importante « diaspora » au monde devant le Mexique, ancien leader (13.2 millions).
5/ Le nombre d’immigrants installés en Espagne a bondi en seulement deux décennies (1990-2003) de 1 million à plus de 6 millions. Ces derniers proviennent majoritairement de Roumanie, du Maroc, de l’Equateur, du Royaume-Uni et de Colombie. Ceci s’explique en grande partie par l’aspect florissant de l‘économie espagnole qui prévalait jusqu’à l’éclatement de la crise économique et financière de 2008.
6/ Les pays où la part des migrants dans la population totale est la plus importante sont tous situés dans le Golfe Persique (Emirats arabes unis, Qatar, Koweït et Bahreïn) : la population étrangère compte ainsi pour près de 84% de la population émirati.
7/ Bien que les migrants aient le plus souvent quitté leur pays à la recherche d’un emploi et de meilleures conditions de vie, les pays les plus pauvres ou bien ceux dont l’IDH (indice de développement humain) est extrêmement faible ne voient paradoxalement que très peu de leurs citoyens s’installer à l’étranger, c’est ainsi le cas du Niger, de la Centrafrique, du Tchad. Ceci s’explique par le fait que les populations de ces pays n’ont pas les moyens financiers de quitter ces derniers même si elles désireraient le faire.
8 septembre 2014
SOURCE : affaires-stratégiques