mardi 5 novembre 2024 15:24

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France: Un sursis pour les chibanis du faubourg Saint-Antoine

Ces retraités franco-marocains se sont mobilisés depuis cet été pour éviter l'expulsion de leur hôtel meublé parisien.

Les chibanis de la rue du faubourg Saint-Antoine ont gagné leur première bataille. Au début du mois de juin, cette quarantaine d’anciens travailleurs migrants, installés dans un hôtel meublé à Paris, ont appris qu’ils étaient expulsables depuis un an. La gérante, pourtant au courant, ne les avait avertis de la situation qu’à la dernière minute. Un mois plus tard, dans un courrier, la préfecture leur a annoncé qu’ils devaient partir sous quelques jours, sous peine d’être mis à la rue. Ce lundi, après plusieurs semaines de lutte, la ville de Paris a annoncé être intervenue auprès de la préfecture pour obtenir qu’ils ne soient «pas expulsés avant la trêve hivernale».

Installés à l’hôtel depuis dix, vingt voire quarante ans, leur cause a suscité l’indignation des riverains, des associations et de certains élus. Tous en règle, la plupart sont arrivés en France dans les années 60 pour travailler. L’hôtel, dont le premier étage est abandonné depuis plusieurs années, n’a pas de douches. Dans les chambres des vieux messieurs, cafards et humidité sont la règle, aucuns travaux n’ayant été effectués depuis des années. Ces «anciens et sérieux locataires»comme la gérante les présente, ont toujours payé leur loyer. Déterminés, ils avaient contacté le Droit au logement pour contester leur expulsion.

Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris chargé du logement et de l’hébergement est allé leur rendre visite la semaine dernière. «Ce sont des hommes qui ont produit des richesses en France. Le pays à une dette à leur égard», lâche-t-il. L’adjoint, qui a demandé à la préfecture de ne pas les mettre dehors, va «entrer dans une phase de négociations avec la Compagnie de la Seine», propriétaire des lieux. L’enjeu des prochaines semaines, pour le responsable, sera de convaincre le propriétaire de l’immeuble de vendre son bien. «L’idéal serait que la ville de Paris soit à même de racheter cet immeuble vétuste pour en faire du logement social.»

Du côté du Droit au logement, Jean Baptiste Eyraud est «agréablement surpris de la mobilisation que cette histoire a suscitée». Les chibanis sont venus manifester dans les rangs de l’association avec leur banderole «et ont pris de la puissance»selon le militant. «L’objectif principal, maintenant est de rendre ce lieu habitable».

«Fatigués» mais «motivés», comme l’explique Layachi Ait Baaziz, l’un des délégués, les retraités sont donc sûrs d’avoir un toit pour l’hiver. En mars, date de la fin de la trêve hivernale, «aucun d’entre eux ne sera laissé sur le carreau», assure Ian Brossat.

8 SEPTEMBRE 2014, Charlie DUPLAN

Source : Libération

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