dimanche 24 novembre 2024 15:08

France : des migrants prêts à tout pour aller en Grande-Bretagne

Les migrants sont assis, immobiles, par dizaines, au sommet des dunes de Calais (nord): ils observent les policiers prêts à les intercepter en contrebas s'ils tentent de prendre d'assaut les camions partant pour la Grande-Bretagne.

"Dès que les camions sont à l'arrêt, ils en profitent pour monter, en plein jour", explique à l'AFP Arnaud Dequidt, responsable d'une société de transport appelée Carpentier.

Venus pour la plupart de l'est de l'Afrique, via l'Italie, 1.400 à 1.500 migrants errent désormais à Calais et dans les environs, dormant dans les dunes ou dans des squats, nourris par des bénévoles.

De plus en plus nombreux, ils veulent traverser la Manche pour atteindre la Grande-Bretagne, considérée comme un Eldorado ayant une politique d'asile favorable.

"La migration n'est pas un crime, chacun et chacune d'entre nous a des raisons de quitter son pays ou sa famille", faisaient récemment valoir des migrants lors d'une manifestation dénonçant des violences policières.
Les migrants "sont de plus en plus violents, virulents, et on sort de plus en plus souvent les gaz lacrymogènes", raconte de son côté à l'AFP un policier affecté à la surveillance de la quatre-voies empruntée chaque jour par 3.000 camions en moyenne et qui débouche dans le port de Calais.

Sur un parking de station-service, près du port, des routiers grecs fument au soleil. Des Africains rôdent autour des camions, par petits groupes de deux ou trois.

"Il y a un mois, j'en ai trouvé trois, cachés sur les essieux de mon camion", raconte à l'AFP Costas, 53 ans, qui se rend chaque semaine en Angleterre avec sa cargaison de yaourts.

"Trop de migrants", "pas assez de policiers", "pas assez de sécurité"... les collègues de Costas sont unanimes. "Chaque semaine, il y a de plus en plus de problèmes", affirme l'un d'eux. "Ils essaient de monter dans les camions à partir de Reims" dans l'est de la France, assure un autre.

Ils tiennent compagnie à Frank Ravnjak, un routier slovène immobilisé à Calais depuis le 3 septembre, après que les douaniers britanniques avaient découvert, dans le port, 16 clandestins cachés dans sa cargaison de 11 tonnes de pâtes.

Ce jour-là, pour la première fois, les migrants avaient tenté une intrusion en masse. Plus d'une centaine s'étaient rués sur les voies de débarquement. Les passerelles d'accès aux ferries avaient été relevées.

 4.000 migrants découverts en un mois

"Je ne sais pas quand je vais pouvoir rentrer chez moi", se plaint M. Ravnjak. Il dit avoir reçu une amende de 20.000 euros, et ne pas savoir quand il pourra récupérer sa remorque, saisie par les Britanniques. Sa cargaison de 11 tonnes de tortellini a été détruite.

Sur tout le mois d'août, 4.000 personnes ont été découvertes cachées dans des camions, à Calais et dans les environs, selon les autorités françaises. La moitié se trouvaient dans l'enceinte du port où tous les camions sont systématiquement contrôlés, parfois plusieurs fois, avant d'embarquer.

Lorsqu'une forme humaine est détectée sur un écran de contrôle, les agents de sécurité du port font appel à la police aux frontières (PAF). "Ils les prennent en charge, les conduisent hors du site du port, les déposent au rond-point... et les migrants reviennent plus tard", raconte à l'AFP Gilles Debove, un policier syndicaliste.

Les sociétés de transport ripostent en cadenassant leurs remorques ou en les protégeant avec un câble en acier scellé passé dans les oeillets des bâches, explique Arnaud Dequidt.

Et les parkings sécurisés sont de plus en plus prisés par les routiers. "C'est le même barbelé que celui des prisons", détaille Olivier Carré, responsable d'un parking de 210 places, en montrant les rouleaux de fil d'acier hérissés de lames de rasoir, qui garnissent la clôture haute de 2,50 mètres.

Soudanais, Nasir, 27 ans, avait récemment fait part à l'AFP de son incompréhension à l'égard de sa situation: "Pourquoi tout le monde nous laisse-t-il passer jusqu'ici, mais pas vers l'Angleterre?". Son parcours avec son ami Abdelhaleam, 30 ans, l'a mené de Libye vers l'Italie en bateau avant une remontée en voiture et en train jusqu'au nord de la France.

12 sept 2014,Marie-Laure MICHEL

 Source : AFP

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