L'exposition "Le Maroc et l'Europe, six siècles dans le regard de l'autre", dont l'ouverture est prévue lundi soir à Lisbonne, offrira l'occasion de voyager dans le temps pour mieux comprendre la spécificité marocaine dans son ouverture avec le monde européen, a affirmé le commissaire de l'exposition, Paul Dahan.
Elle relate l'évolution des relations entre le Maroc et le Vieux continent depuis le 16è siècle jusqu'à aujourd'hui. Des relations qui, selon Paul Dahan, étaient au début conflictuelles et ponctuées de guerres et vont se transformer au fil du temps en des échanges diplomatiques et commerciaux.
Pour M. Dahan, qui est également fondateur du Centre de la culture judéo-marocaine à Bruxelles (CCJM), l'idée de l'exposition est de "montrer que quand les nations ne se connaissent pas, les rapports sont très conflictuels et très difficiles".
"On a intérêt à partager plutôt que se replier dans un petit cocon", a-t-il dit dans une interview à la MAP, citant pour exemple le Maroc, un pays qui a prôné depuis longtemps une politique d'ouverture et de diversité culturelle.
"Le Maroc est un pays qui, depuis déjà des siècles, avait une ouverture, un regard et des intérêts avec l'Occident, de par sa position géographique tout près de l'Espagne et du Portugal", a-t-il insisté.
La diversité est très ancrée dans la marocanité, a ajouté Paul Dahan, soulignant que "si le Maroc n'a pas été pris dans l'élan des révolutions du monde arabe, c'est principalement grâce à cette diversité".
En tant que psychanalyste, M. Dahan estime que "la diversité est plus enrichissante que de voir le monde comme il était clos au départ, c'est-à-dire considérer l'Autre comme étant toujours un étranger qu'il faut éliminer".
Cette exposition se veut un travail pédagogique au fond, qui vise à éduquer les gens à avoir un regard qui ne soit pas que politique, qui montre que plus on est ouvert à l'autre est plus on a à gagner, plutôt que de s'enfermer dans un nationalisme ou dans une rigidité qu'elle soit religieuse, sociale ou philosophique, a-t-il expliqué.
Un autre aspect que l'exposition met en exergue, c'est la spécificité juive marocaine qui montre à quel point les juifs marocains sont restés attachés à leur marocanité, "une relation très spécifique qu'aucun juif du monde entier n'a eu, alors qu'on les trouve dans plusieurs pays", a-t-il souligné.
Par exemple les juifs d'Irak, de Syrie et d'Egypte ont rompu totalement avec leur mémoire et leur passé, au moment où les juifs marocains ont voulu toujours garder ce lien, a tenu à rappeler M. Dahan, ce juif marocain natif de Fès.
Organisée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI et du Président de la République du Portugal Antonio Cavaco Silva, l'exposition est initiée par l'ambassade du Maroc à Lisbonne, en collaboration avec le Centre de la culture Judéo-marocaine de Bruxelles (CCJM), le Conseil de la Communauté marocaine à l'étranger (CCME) et le Centre Nord Sud du Conseil de l'Europe, en marge du Forum de Lisbonne prévu les 15 et 16 septembre.
Réunissant quelque 600 oeuvres notamment des peintures, des pièces d'art, des documents d'archives, des livres et des photographies, l'exposition s'articule autour de sept modules qui explorent l'évolution des relations entre le Maroc et l'Europe, notamment le Portugal, du 16ème siècle à nos jours.
L'exposition qui se poursuivra jusqu'au mois d'octobre, a déjà fait escale à Rabat, Paris, Bruxelles, Anvers et Limoges et elle est attendue prochainement à Madrid.
13 sept. 2014, Hasnaa ELAKKANI
Source : MAP