L'actualité des migrations est suffisamment sombre pour que les bonnes nouvelles soient distinguées et saluées comme il se doit. Pourtant, l'amendement pris le 10 septembre dernier à l'Assemblée nationale a laissé les éditorialistes sans voix alors qu'un coup de chapeau s'imposait : en simplifiant l'accès à la nationalité des immigrés âgés, ceux que l'on appelle familièrement les Chibanis, le gouvernement marquait enfin une belle avancée dans le domaine.
La portée de cette mesure est loin d'être symbolique. Si elle permet de reconnaître les efforts et les sacrifices d'environ 200 000 de ces Maghrébins venus construire une France jadis "glorieuse", si elle leur offre un peu plus de dignité, de liberté de mouvement et de justice, elle doit être aussi prise comme une main tendue vers les descendants des Chibanis, leurs enfants et petits-enfants nés Français.
Donner à leurs anciens la place qu'ils méritent dans notre histoire, reconnaître leurs "cheveux blancs" comme étant bien des nôtres, c'est réaffirmer notre fraternité toute républicaine à leurs filles et à leurs fils. Réjouissons-nous : pour une fois, cette fraternité ne passe pas seulement par des mots.
Bien sûr d'autres mesures (un rapport parlementaire en propose 80 supplémentaires) seront à prendre pour améliorer de façon notable la vieillesse des Chibanis. Mais le premier pas est fait. C'est toujours celui qui compte le plus.
23/9/2014, Pierre HENRY
Source : france-terre-asile
