mardi 5 novembre 2024 09:18

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Le Ciré: 60 ans d'aide aux réfugiés en Belgique

Le Ciré (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers) a été fondé en 1954, dans la foulée de la signature de la Convention de Genève. Le but était d’ "initier l’étranger" au pays d’accueil, la Belgique. En 60 ans, le rôle du Ciré a évolué, tout comme le regard du belge vis-à-vis des réfugiés et étrangers.

Les anniversaires en rapport avec l’immigration se multiplient cette année. Après les 50 ans de l’immigration marocaine en février, et turque en juillet, cette fois, c’est le Ciré qui fête ses 60 ans.

Parmi les membres du Ciré, on retrouve des associations spécialisées dans l’accueil des réfugiés, mais aussi des syndicats et des ONG, comme Amnesty international ou Médecins du monde. Voilà qui a fortement évolué depuis 1954, quand on retrouvait parmi les membres fondateurs : la Fédération des industries de Belgique.

C’est cette même fédération qui pousse le Ciré à organiser des cours de français. La main d’œuvre étrangère importée à l’époque était plus efficace si elle parlait la langue du pays. L’Ecole de français était née.

" C’était la toute première mission du Ciré, en 1954, précise Fred Mawet, directrice du Ciré. Il faut être capable de communiquer, d’avoir un minimum de langage linguistique et il faut aussi savoir dans quel pays on tombe. Donc on se préoccupe évidemment de donner des éléments de compréhension culturelle et sociale aux personnes qui arrivent pour qu’elles comprennent où elles tombent et puissent s’y retrouver dans ce pays. "

Des missions qui se sont diversifiées

 

Dans les années 70, l’Etat commence à organiser lui-même des cours de français et de néerlandais pour les réfugiés. Souvent, au cours de ces 60 ans, le Ciré sera précurseur . "Au fil des années, des demandes de ses membres, le Ciré multiplie ses missions. Il a cette tradition de devancer l’action publique. Un autre exemple est l’accueil des demandeurs d’asile : on a effectivement pris l’initiative dans les années 90 de développer un système d’accueil individualisé pour les demandeurs d’asile, système qui par après a été institué et reproduit par les CPAS dans les initiatives locales d’accueil des demandeurs d’asile."

 

En marge de ces missions pratiques d’encadrement et hébergement des réfugiés et étrangers, le Ciré emploie aussi des juristes et des chercheurs qui participent donc à une mission plus politique : il donne un avis sur la politique menée en la matière par l’état.

 

Créé en 1954, dans quel but ?

 

Le Ciré voit le jour dans la foulée des accords de la Convention de Genève, signés en 1949. La Convention de Genève qui réglemente le droit humanitaire. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, il faut gérer les personnes déplacées qui reviennent des camps, les réfugiés politiques et les travailleurs immigrés. "C’est le cas pour les 7500 hongrois qu’on aide à accueillir en 1957. On leur dit bienvenue et on leur donne la direction des mines. Ils travailleront dans les charbonnages. On accueillera des contingents de main d’œuvre italienne, espagnole, grecque, marocaine, turque, qui auront aussi des besoins en matière de compréhension de la langue, de compréhension du pays et donc on jouera aussi un rôle pour ceux-là."

 

Dès 1989, avec la chute du mur de Berlin et ensuite avec la guerre yougoslave, ce sont des réfugiés des pays de l’Est et des yougoslaves qui arriveront.

 

En 60 ans le regard sur les étrangers a changé

 

Anne Roulet travaille dans le domaine de l’aide aux réfugiés depuis 33 ans. Elle se souvient très bien de la solidarité qui existait à l’époque. "Quand j’ai commencé à travailler pour l’association Aide aux personnes déplacées, il y a avait encore l’accueil des gens du Sud-est asiatique, les boat people. Les gens étaient très émus de voir ces personnes en pleine dérive sur leur petit bateau, donc il y avait pas de gens qui demandaient s’ils pouvaient accueillir des réfugiés chez eux. L’épicier du coin faisait crédit, la retraitée donnait un peu de sa petite pension et puis il y avait des personnes plus fortunées qui étaient aussi solidaires."

 

L’attitude vis-à-vis des boat people d’aujourd’hui est fort différente. Les occidentaux regardent cela de loin, avec horreur, mais sans se sentir forcément concernés. Pourtant chaque semaine a son lot d’immigrés, noyés, au large des côtes italiennes.

 

"C’est comme si les gens avaient peur, des réfugiés", ajoute encore Anne Roulet.

 

Quelques belles histoires

 

Il y a les milliers de réfugiés anonymes qui auraient certainement de belles histoires à raconter, il y a aussi des gens plus connus, comme Pie Tschibanda, le conteur congolais. Son spectacle "Un fou noir au pays des blancs" a été joué déjà plus de 1500 fois. En décembre, il sera encore sur les planches parisiennes.

 

Pie Tshibanda a pourtant été aidé par le Ciré. Il est arrivé de République démocratique du Congo en 1995. "Je me souviens de lui, un peu paumé, après avoir usé ses économies, raconte Anne Roulet. Il est allé voir ma collègue du centre social protestant, qui m’a appelé en me demandant une place pour Pie. Et voilà, je l’ai vu arriver avec sa petite valise. Voyant qu’il était très à l’aise pour rencontrer des histories, on a ensuite été avec lui dans les écoles pour sensibiliser, et je dois dire qu’il avait un succès fou."

 

Des classes d’écoles, son public s’est depuis lors fort élargi. "Un fou noir au pays de blancs" raconte l’histoire de ces hommes qui arrivent dans un pays lointain, tellement différent du leur, qu’ils ont été forcés à fuir.

 

C’est pour rendre ce plongeon dans l’inconnu plus humain, que le Ciré existe depuis 60 ans.

 

O. Leherte

 

Le Ciré (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers) a été fondé en 1954, dans la foulée de la signature de la Convention de Genève. Le but était d’ "initier l’étranger" au pays d’accueil, la Belgique. En 60 ans, le rôle du Ciré a évolué, tout comme le regard du belge vis-à-vis des réfugiés et étrangers.

 

Les anniversaires en rapport avec l’immigration se multiplient cette année. Après les 50 ans de l’immigration marocaine en février, et turque en juillet, cette fois, c’est le Ciré qui fête ses 60 ans.

 

Parmi les membres du Ciré, on retrouve des associations spécialisées dans l’accueil des réfugiés, mais aussi des syndicats et des ONG, comme Amnesty international ou Médecins du monde. Voilà qui a fortement évolué depuis 1954, quand on retrouvait parmi les membres fondateurs : la Fédération des industries de Belgique.

 

C’est cette même fédération qui pousse le Ciré à organiser des cours de français. La main d’œuvre étrangère importée à l’époque était plus efficace si elle parlait la langue du pays. L’Ecole de français était née.

 

" C’était la toute première mission du Ciré, en 1954, précise Fred Mawet, directrice du Ciré. Il faut être capable de communiquer, d’avoir un minimum de langage linguistique et il faut aussi savoir dans quel pays on tombe. Donc on se préoccupe évidemment de donner des éléments de compréhension culturelle et sociale aux personnes qui arrivent pour qu’elles comprennent où elles tombent et puissent s’y retrouver dans ce pays. "

 

Des missions qui se sont diversifiées

 

Dans les années 70, l’Etat commence à organiser lui-même des cours de français et de néerlandais pour les réfugiés. Souvent, au cours de ces 60 ans, le Ciré sera précurseur . "Au fil des années, des demandes de ses membres, le Ciré multiplie ses missions. Il a cette tradition de devancer l’action publique. Un autre exemple est l’accueil des demandeurs d’asile : on a effectivement pris l’initiative dans les années 90 de développer un système d’accueil individualisé pour les demandeurs d’asile, système qui par après a été institué et reproduit par les CPAS dans les initiatives locales d’accueil des demandeurs d’asile."

 

En marge de ces missions pratiques d’encadrement et hébergement des réfugiés et étrangers, le Ciré emploie aussi des juristes et des chercheurs qui participent donc à une mission plus politique : il donne un avis sur la politique menée en la matière par l’état.

 

Créé en 1954, dans quel but ?

 

Le Ciré voit le jour dans la foulée des accords de la Convention de Genève, signés en 1949. La Convention de Genève qui réglemente le droit humanitaire. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, il faut gérer les personnes déplacées qui reviennent des camps, les réfugiés politiques et les travailleurs immigrés. "C’est le cas pour les 7500 hongrois qu’on aide à accueillir en 1957. On leur dit bienvenue et on leur donne la direction des mines. Ils travailleront dans les charbonnages. On accueillera des contingents de main d’œuvre italienne, espagnole, grecque, marocaine, turque, qui auront aussi des besoins en matière de compréhension de la langue, de compréhension du pays et donc on jouera aussi un rôle pour ceux-là."

 

Dès 1989, avec la chute du mur de Berlin et ensuite avec la guerre yougoslave, ce sont des réfugiés des pays de l’Est et des yougoslaves qui arriveront.

 

En 60 ans le regard sur les étrangers a changé

 

Anne Roulet travaille dans le domaine de l’aide aux réfugiés depuis 33 ans. Elle se souvient très bien de la solidarité qui existait à l’époque. "Quand j’ai commencé à travailler pour l’association Aide aux personnes déplacées, il y a avait encore l’accueil des gens du Sud-est asiatique, les boat people. Les gens étaient très émus de voir ces personnes en pleine dérive sur leur petit bateau, donc il y avait pas de gens qui demandaient s’ils pouvaient accueillir des réfugiés chez eux. L’épicier du coin faisait crédit, la retraitée donnait un peu de sa petite pension et puis il y avait des personnes plus fortunées qui étaient aussi solidaires."

 

L’attitude vis-à-vis des boat people d’aujourd’hui est fort différente. Les occidentaux regardent cela de loin, avec horreur, mais sans se sentir forcément concernés. Pourtant chaque semaine a son lot d’immigrés, noyés, au large des côtes italiennes.

 

"C’est comme si les gens avaient peur, des réfugiés", ajoute encore Anne Roulet.

 

Quelques belles histoires

 

Il y a les milliers de réfugiés anonymes qui auraient certainement de belles histoires à raconter, il y a aussi des gens plus connus, comme Pie Tschibanda, le conteur congolais. Son spectacle "Un fou noir au pays des blancs" a été joué déjà plus de 1500 fois. En décembre, il sera encore sur les planches parisiennes.

 

Pie Tshibanda a pourtant été aidé par le Ciré. Il est arrivé de République démocratique du Congo en 1995. "Je me souviens de lui, un peu paumé, après avoir usé ses économies, raconte Anne Roulet. Il est allé voir ma collègue du centre social protestant, qui m’a appelé en me demandant une place pour Pie. Et voilà, je l’ai vu arriver avec sa petite valise. Voyant qu’il était très à l’aise pour rencontrer des histories, on a ensuite été avec lui dans les écoles pour sensibiliser, et je dois dire qu’il avait un succès fou."

 

Des classes d’écoles, son public s’est depuis lors fort élargi. "Un fou noir au pays de blancs" raconte l’histoire de ces hommes qui arrivent dans un pays lointain, tellement différent du leur, qu’ils ont été forcés à fuir.

 

C’est pour rendre ce plongeon dans l’inconnu plus humain, que le Ciré existe depuis 60 ans.

 

26 septembre 2014, O. Leherte

 

Source : RTBF

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