dimanche 24 novembre 2024 13:42

Le racisme en Corée du Sud passé au crible par l'ONU

La Corée du Sud a la réputation d'être prompte au racisme ordinaire et au nationalisme exacerbé. Cette semaine, les efforts des autorités pour débarrasser le pays de ses travers xénophobes vont être passés au crible par l'ONU.

Le rapporteur spécial de l'ONU sur le racisme, Mutuma Ruteere, a entamé lundi une mission d'une semaine en Corée du Sud.

La Corée du Sud figure parmi les pays d'Asie les plus ethniquement homogènes. Mais elle accueille une population d'étrangers qui ne se sentent pas toujours bien accueillis.

Certains se plaignent de racisme ordinaire, à la télévision par exemple lorsque des présentateurs se badigeonnent le visage de cirage noir. Ou quand une publicité pour la marque de cigarettes "Cette Afrique" met en scène des chimpanzés déguisés en journalistes de télévision.

"Je crois que ce genre de chose s'explique largement par l'ignorance", commente Kim Ji-Yoon, chercheur à l'Institut Asan d'études politiques de Séoul.

"Cela émane de gens qui ne savent pas vraiment ce qu'est le racisme, ce qu'on doit ou ce qu'on ne doit pas dire. Nous n'avons pas encore reçu ce type d'éducation", ajoute-t-il.

Certains expérimentent la discrimination en direct, comme les immigrés sous-payés occupant des emplois non qualifiés.

A son élection comme députée en 2012, Jasmine Lee, une Coréenne d'origine philippine a subi de virulentes attaques racistes sur l'internet.

Pour Kim Hyun-Mee, professeur de sciences sociales à l'université de Yonsei, les discriminations en Corée du Sud s'expliquent partiellement par la croissance économique rapide dont elle bénéficie.

 

"Certains pays, notamment les plus développées comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, sont perçus comme étant supérieurs", dit-elle. "Les pays émergents sont vus comme des inférieurs, sans motif précis".

Le nationalisme bien enraciné dans la société tient de l'Histoire aussi. La Corée a vécu dans un isolement relatif, constamment sous la menace des voisins chinois et japonais.

 

Les choses pourraient changer à la faveur des flux migratoires. Les Coréens sont plus nombreux à se rendre à l'étranger tandis que le nombre d'étrangers vivant dans le pays a quasiment triplé entre 2006 et 2013, passant d'environ 500.000 à 1,45 million, soit un peu plus de 3% de la population.

 

L'émissaire des Nations unies doit rencontrer des syndicalistes ainsi que des représentants des ministères des Affaires étrangères, de la Défense, de la Justice, de l'Education et des Affaires maritimes. Son rapport sera transmis en 2015 au conseil des droits de l'homme de l'ONU.

 

29 sept. 2014

 

Source : AFP

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