Les politiques de fermeture des frontières aux migrants irréguliers "sont vouées à l'échec", a estimé mercredi le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des migrants, François Crépeau.
"Il est impossible de sceller les frontières internationales, car les migrants continueront d'arriver malgré tous les efforts pour les en empêcher", a souligné M. Crépeau dans une lettre ouverte à l'occasion d'une séance d'auditions de la commission du Parlement européen sur les droits et libertés.
La fermeture des frontières en Europe "a un coût très élevé en termes de vies et de souffrances", a déploré l'expert international.
L'ONU estime à au moins130.000 le nombre de migrants et de demandeurs d'asile qui sont arrivés en Europe par la mer depuis le début de l'année, contre 80.000 l'an dernier. Plus de 800 d'entre eux se sont noyés en mer Méditerranée cette année.
Malgré des initiatives positives comme l'augmentation des opérations de recherche et de secours qui ont permis de sauver des vies, l'accent reste mis sur les moyens de restreindre l'entrée des migrants plutôt que de créer de nouveaux canaux de migration légale, a fait observer l'expert.
"Si l'Europe veut voir une réduction importante des souffrances humaines à ses frontières, elle devrait s'appuyer non pas sur une fermeture stricte mais sur une ouverture et une mobilité régulées", a soutenu M. Crépeau. Faute de quoi, a-t-il relevé, "le nombre des migrants qui risquent leur vie en montant à bord d'embarcations de fortune sur des itinéraires maritimes dangereux ne pourra qu'augmenter".
De l'avis du rapporteur de l'ONU, il est paradoxal qu'au nom de la sécurisation des frontières, les Etats européens soient en réalité en train d'en perdre le contrôle car les mafias ont souvent un coup d'avance.
En outre, "l'augmentation du nombre des personnes qui fuient les conflits, les violences et l'oppression exige une approche stratégique nouvelle et concertée de la part des Etats européens vis-à-vis des demandeurs d'asile", a-t-il noté.
M. Crépeau a d'autre part appelé les Etats européens à davantage d'efforts concertés pour venir en aide aux pays qui sont en première ligne comme l'Italie, Malte et la Grèce.
02 oct. 2014
Source : MAP