mardi 5 novembre 2024 09:19

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

La force tranquille du segment Maghrébin de la communauté québécoise

Débat du 27 septembre, dans le cadre des Journées culturelles Marocaines au Canada, sur les perspectives et orientations des nouvelles politiques migratoires du Québec

Bien avant le succès électoral du 7 avril 2014, qui a permis son avènement à la tête du gouvernement du Québec, M. Philippe Couillard a fait sienne cette conviction que l'un des principaux défis que notre siècle aura à relever, sera celui de la diversité et de son inclusion.

Un tel constat ne fait pas référence uniquement à ce qu'il est convenu désormais d'appeler «la crise de la charte»; il démontre bien plus une conscience de la question migratoire dans ses dimensions universelle, canadienne et québécoise, qui tranche nettement avec les exploitations politiciennes – pour ne pas dire bassement électoralistes – qui ont été faites, ici certes, mais tout autant ailleurs en particulier dans un certain nombre de pays européens.

Il apparait de surcroît que la gestion de la diversité n'est plus considérée comme la tâche d'un département ministériel qui, malgré toute la volonté politique que l'on pourra mettre dans l'exercice, ne sera jamais en mesure de porter seul la lourde responsabilité de faire l'inclusion. On n'en voudra pour preuve que cette déclaration de Mme Kathleen Weil, ministre de l'immigration de la diversité et de l'inclusion, affirmant que «C'est tout le gouvernement, toute la société civile, qui doit mettre l'épaule à la roue pour éliminer les barrières de toutes sortes qui empêchent la pleine intégration et la réalisation du potentiel de chaque Québécois.»

Migrations climatiques

Il est certes vrai que les migrations ne sont pas un fait nouveau dans l'histoire de l'humanité. Il est cependant tout aussi vrai que les réalités migratoires sont mouvantes selon le temps et l'espace et que dans un siècle qui facilite et accélère les mobilités, les mutations présentes et à venir (notamment, si l'on en croit les climatologues, avec d'imminentes «migrations climatiques» d'une ampleur sans précédent) laissent entrevoir des problématiques inédites qu'on ne peut ni ignorer, ni face auxquelles on pourrait se permettre l'économie d'une réflexion prospective.

La question est d'autant plus importante au Canada (et au Québec qui doit en même temps gérer sa situation d'ilot francophone dans un océan anglophone et son identité d'inspiration latine dans un environnement anglo-saxon).

Politique inclusive d'État

« Ce Pays, grandi à travers le temps de l'immigration s'est, bien avant les débuts de la fédération et malgré les soubresauts de l'histoire, doté d'une politique de l'immigration qui fait de la diversité l'une de ses forces. Il s'agit d'une politique d'État, donc s'inscrivant dans la durée, dont l'objectif est d'assurer à tous ceux qui y vivent, y fussent-ils nés d'une lignée de dix-sept générations ou eussent-ils choisi de s'y installer de plus récente date, la possibilité de bénéficier des bienfaits de l'état de droit et des conditions d'épanouissement de leurs talents et potentiels. Cette politique d'État, qui peut connaitre des variations conjoncturelles, ne dépend ainsi ni d'un gouvernement, ni d'un courant de pensée, ni d'un parti politique fut-il majoritaire. C'est une constante; ses formes peuvent ne pas toujours résulter d'un large consensus, mais à tout le moins émaner d'un désensus géré de manière à ce que les intérêts à long terme de l'État et de la société n'aient jamais à en souffrir.» avions-nous écrit dans une autre chronique.

Et c'est dans cette considération que nous avons puisé la satisfaction d'entendre Mme Kathleen Weil affirmer que son mandat est «de travailler à promouvoir une société ouverte et inclusive dans laquelle on ne vise rien de moins que la participation pleine et entière des Québécois de toutes les origines dans toutes les sphères de la société».

Et c'est à partir de là que nous avons été convaincus d'adhérer (comme l'ont fait d'autres organismes à référent maghrébin), et à l'initiative de notre confrère Maghreb Canada Express, d'organiser une rencontre sur les orientations et perspectives en matière de gestion de la diversité, et de faire de ce débat une contribution à cette démarche annoncée par la ministre : «À l'hiver 2015 se tiendra une consultation publique sur les niveaux et la composition de l'immigration que nous souhaitons collectivement pour les prochaines années. J'ai décidé d'élargir cette consultation afin d'y traiter les nouvelles dimensions de mon mandat soient les enjeux reliés la diversité et l'inclusion.»

Une Rencontre contre toutes les Exclusions

La rencontre, initiée par notre confrère Maghreb Canada Express, s'est effectivement tenue le 27 septembre 2014, dans un espace qui en l'occurrence portait bien son nom : La Maison du Citoyen, sise dans un arrondissement montréalais qui est incontestablement le plus multiculturel du pays puisqu'y coexistent 117 communautés d'origines, de cultures et de confessions différentes.

Notre premier sujet d'étonnement à été l'intérêt soulevé par la rencontre. Comme tout cénacle de ce genre, nous nous attendions à une affluence semblable à celles qu'attirent les rencontres académiques, c'est-à-dire un public d'universitaires et de chercheurs. Il en a été autrement, puisque les quelques 150 participants représentaient bien sur l'université, mais aussi la société civile à travers un certains nombre d'associations dédiées à la lutte contre les exclusions, la classe politique dans ses dimensions fédérales, provinciales et municipales avec un bon nombre d'élus et, non la moindre des surprises, un fort contingent d'élus scolaires et de représentants du monde de l'éducation et de l'enseignement. Présence remarquée aussi, celle de cadres d'institutions marocaines, le ministère en charge des affaires des Marocains du monde et le Conseil de la Communauté marocaine à l'Étranger (CCME).
Demi-surprise aussi, avec la teneur et le contenu des présentations des orateurs invités. Loin des discours convenus, les onze conférenciers ont établi des constats, diagnostiqué des situations et identifié des pistes de solutions durables aux véritables questions, aux tendances lourdes de l'évolution des réalités migratoires, y compris dans la dimension canadienne et québécoise.
Objectif atteint. Mais la Mission se poursuit...

Et franche satisfaction enfin, de voir se confirmer une dynamique de participation à vie québécoise (qui avait commencé à se manifester lors des dernières consultations électorales) se manifester d'aussi éclatante manière et le considérable potentiel d'une communauté encore trop largement méconnu s'exprimer avec tant de force et de sérénité.

Nul doute que l'objectif des organisateurs, contribuer à la réflexion annoncée par Mme Kathleen Weil, est déjà ainsi atteint. Mais il est certain aussi, dans la mesure où tout les aspects de la question de l'inclusion ne sauraient être traités en une seule journée, que le débat du 27 septembre aura une suite...

Octobre 2014, Abdelghani Dades,

Source : maroc-canada.ca

 

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